Algérie

Avec l'aide des bénévoles et durant tout le Ramadhan : Le pari gagné de Lila



Avec l'aide des bénévoles et durant tout le Ramadhan : Le pari gagné de Lila
Durant tout le mois de Ramadhan qui vient de prendre fin, un seul restaurant à Aïn Benian a ouvert ses portes. Pas moins de 250 repas ont été servis quotidiennement. Lila, venue de France pour investir dans son pays, a voulu, d’abord, faire un geste de solidarité en direction des démunis avant de se lancer dans le commerce de la restauration. Sans aucune expérience mais pour seul bagage, son enthousiasme et son amour pour le prochain, elle décide de se consacrer d’abord aux démunis. Avec l’aimable collaboration du Croissant-Rouge algérien (CRA), quelques âmes charitables et une poignée de bénévoles, elle se lancé corps et âme dans l’arène. Quelques difficultés au début, puis la machine bien huilée finit par faire des émules. Les jeûneurs sont venus de tous les horizons. Des travailleurs de chantier de l’intérieur du pays, des démunis qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, des gens de passage et des voyageurs. Tout ce monde a eu droit à un menu varié et savamment concocté. C’est que les deux cuisinières, bénévoles de surcroît, ont suivi une formation dans ce domaine et ont même obtenu des prix d’encouragement, au niveau de la maison de jeunes de Aïn Benian. La chorba sent de loin la coriandre et la menthe fraîches. Les autres plats qui accompagnent la soupe sont simplement succulents. On y mange à satiété. D’ailleurs, les retardataires ne trouvaient que des restes. Lila, la chef, décide pour le menu. Tôt le matin, elle fait la liste des achats. Sarah et son fiancé Billal se chargent du reste au niveau du dépôt du CRA et au marché des fruits et légumes. Entre-temps, les deux cuisinières arrivent sur les lieux. Le cheveu emprisonné dans un foulard, les mains bien lavées et séchées, elles commencent le travail. A deux heures de l’après-midi, tout est fin prêt. Reste la salade à préparer une heure avant la rupture du jeûne. C’est l’œuvre de Khaoula et Yasmine. Ces dernières arrivent tous les jours deux heures avant le f’tour. Ce sont deux étudiantes dont les mamans sont amies de longue date de Lila, la patronne. L’autre travail et non des moindres consiste à mettre la table, à dresser les couverts dans deux grandes salles. Vingt minutes avant l’adhan, il faut servir la chorba. Les jeûneurs arrivent par groupes. Rabéa, Nassim et Amine, munis de grandes louches, remplissent les bols. D’autres comme Sid-Ahmed, Sadek et bien d’autres s’affairent à servir le plat de résistance, poser la corbeille de pain, les serviettes en papier, les bouteilles d’eau minérale, les gobelets et le sel servi dans de petites soucoupes pour ceux qui veulent manger bien salé. Un quart d’heure avant la rupture du jeûne, tout le monde est installé. Les dattes et un verre de lait sont servis sur-le-champ. Dès l’adhan, c’est le rythme et l’ambiance d’une véritable ruche sans la présence des abeilles et qui a duré 29 jours. Une cuillère par-ci, une bouteille par-là et l’oubli est remédié. Lorsqu’une première vague quitte la table, d’autres jeûneurs arrivent après la prière du maghreb. Il faut tout de suite les servir. C’est le branle-bas de combat dans la cuisine. Karim prépare les bols, Farida le plat de résistance et les autres suivent avec le pain et l’eau minérale. La dernière opération, la plonge. Cinq bénévoles s’attellent à faire la vaisselle. De la mousse au rangement des plats en passant par le rinçage, place à une ambiance bon enfant où le rire fuse de toute part pour oublier la fatigue et la chaleur écrasante. Pendant ce temps, les autres bénévoles nettoient à grande eau et rangent tables et chaises dans les deux salles de restauration. Le papa de Lila, du haut de ses 80 ans, un retraité de l’administration, veille au grain et à la propreté. Il n’hésite pas à faire une remarque aux jeunes qui laissent traîner des miettes.Vingt-trois heures, tout est rangé. C’est l’heure de partir. Mais Lila, avec son cahier et son stylo, doit déjà penser au menu de demain. Elle note soigneusement ce qu’elle doit acheter et ce qu’elle doit préparer. Elle affirme, souvent, qu’il faut toujours avoir de la nourriture en plus, que d’en manquer. Dans ce restaurant, certains bénévoles ont découvert pour la première fois, la véritable solidarité. Apporter un peu de chaleur et de tendresse à autrui a été une satisfaction morale. Le plus touchant a été le dernier jour. Beaucoup de larmes versées aussi bien des bénévoles que des personnes qui se sont habitués aux lieux. Toutes n’ont pas manqué de remercier chaleureusement Lila et son papa ainsi que les bénévoles qui n’ont ménagé aucun effort pour être à la hauteur de la mission qui leur a été confiée. D’ailleurs, le P/APC de Aïn Benian, qui s’est déplacé sur les lieux, a été ravi de l’accueil, des repas servis, de la propreté des lieux, du travail accompli et la disponibilité du personnel. Ce pourquoi il remettra d’ailleurs des diplômes de reconnaissance et d’honneur à tout le monde. Merci Lila de nous avoir donné l’occasion de prouver que les jeunes et les moins jeunes sont là pour les autres, sans oublier les autres qui ont contribué, qui avec de grands paniers de baguettes de pain, des caisses de fruits et de yaourt et le fameux kalb ellouz ramené quotidiennement d’une boulangerie d’Hydra. A l’année prochaine !


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