Algérie

AVANT-PREMIÈRE MAGHREB À ALGER DE "BASTARDO", DE NEJIB BELKADHI



AVANT-PREMIÈRE MAGHREB À ALGER DE
Projeté avant-hier dans le cadre de la compétition longs métrages de la 2e édition du Festival d'Alger du cinéma maghrébin, cette fiction tunisienne s'intéresse à des thématiques d'une brûlante actualité, relatives au pouvoir et à l'argent. L'action est située dans un quartier "peuplé de pauvres gens", qui tentent tant bien que mal de survivre. Mohsen alias Bastardo, rejeté au départ par ses voisins, deviendra le maître du "monde".Mohsen (incarné par Abdelmoumen Chouayet), surnommé par les habitants de son quartier Bastardo (le bâtard), est un trentenaire désargenté, recueilli par ammi Saleh dès son plus jeune âge. Viré de son travail pour avoir refusé de dénoncer un vol, Mohsen est un jeune homme sans histoires qui est même arrivé à accepter sa condition d'ombre vagabonde, moqué par les habitants de son quartier, jusqu'au jour où un voisin, chauffeur de taxi, lui propose une affaire en or : l'installation d'une antenne relais de téléphonie mobile sur le toit de son immeuble. La vie de Mohsen bascule.Ce sont-là les grandes lignes du long métrage de fiction Bastardo, de Nejib Belkadhi. Autrefois appelé par son sobriquet, Mohsen gagne un prénom et le respect de ses voisins. Petit à petit, l'argent lui donne plus de pouvoir et le plonge dans un état d'exaltation. Larnouba (Chedly Arfaoui), caïd sans scrupule du petit village, ne voit pas d'un très bon ?il cette ascension fulgurante de Mohsen.Suivant les conseils de sa mère Khadhra (Lassaâd Ben Abdallah), Larnouba mène la vie dure à Mohsen, mais ce dernier gagnera le respect de la "population", contrairement à Larnouba qui suscite plutôt la crainte et le mépris. Cependant, le sentiment de puissance et de domination ne s'apprend pas, ne s'enseigne pas, il est en l'homme ; ce sont des instincts primaires qui reviennent à chaque moment de fragilité. Le pouvoir rend fragile ; il fragilise l'individu qui se tourne vers son ego oubliant le reste du monde, ses "ouailles", son prochain.Mohsen devient ainsi un véritable tyran et un intrigant, qui conspire et manigance pour conserver son influence, son emprise sur les autres. De Bastardo à Mohsen, le personnage central devient un véritable parrain.Ce qui le rend encore plus dangereux, c'est son esprit, son intelligence, sa rationalité qui le transforment, le rendent inhumain.Avec des défauts, les injustices de Larnouba semblaient plus supportables (mais point excusables !), mais Mohsen est un fin stratège et il est pleinement conscient de ce qu'il fait subir aux autres. D'ailleurs, le réalisateur a mis l'accent sur l'intériorité de ce personnage, en le filmant sous toutes les coutures, notamment dans ses retranchements et ses méditations.N'aspirant qu'à une vie meilleure et de meilleurs rêves, le personnage semble être un parangon des despotes, et comme notre monde a connu de grands bouleversements ces trois dernières années, on ne peut pas voir dans ce film des métaphores et des allusions se référant à la réalité de notre époque. Nejib Belkadhi, qui a également signé le scénario de Bastardo, envoie plein de messages subliminaux dans ce sens, mais il réussit surtout à créer un parallèle entre le monde des hommes et celui des animaux, comme pour insister sur les pulsions auxquelles l'homme cède dans des moments de fragilité. L'autre belle trouvaille du film est le quartier dans lequel se déroule l'intrigue : une sorte d'asile et de terre d'accueil pour tous les marginaux, que la société semble avoir oubliés, rejetés ou pas encore compris.Des personnages burlesques hauts en couleur le peuplent, ce qui crée souvent des situations comiques, inattendues ; ce qui relance également le film qui souffre parfois de quelques lenteurs, toutefois, ceci n'amoindrit en rien l'originalité du contenu et la profondeur du propos.S KNomAdresse email




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