Algérie

Avant-première du film L?épreuve à Oran



Une jeunesse de Tiaret forçant le respect C?est l?histoire d?une amitié entre un gendarme Hakim (Djamel Aroussi) et un lycéen Khaled (Abdelmalek Kadaoui) que le destin a fait rencontrer dans de terribles circonstances, mais ils finiront par se découvrir peu à peu et apprendre qu?ils sont touchés par la même tragédie, celle d?avoir perdu leur famille assassinée par les hordes terroristes islamistes. Voulant appeler un chat un chat, le réalisateur ne se gêne pas pour montrer la peur (parfois la lâcheté), la violence et le sang, et certaines scènes sont insoutenables même si elles ne rendent qu?imparfaitement compte de la tragédie si durement vécue durant la décennie noire. Le thème est très sensible, rien n?est néanmoins laissé au hasard et la dimension de l?Islam (en tant que croyance par opposition à l?islamisme en tant que doctrine politique génératrice de violence) est délibérément bien montrée dans le film, sans pour autant verser dans l?hypocrisie sociale, et c?est là que réside un des points forts du film. L?amour est suggéré avec pudeur mais la fête et l?alcool restent bien visibles et ne sont pas ici synonymes de débauche, mais seulement une façon pour la jeunesse de s?éclater. C?est par contre à l?art que le film accorde une importance capitale. Celle d?abord qui permet au personnage principal d?expurger ses démons, de dompter ses cauchemars et de surmonter son traumatisme. C?est ensuite une manière de s?imposer devant la fatalité et de déjouer les plans préparés par les politiciens de l?islamisme. La scène du gala de musique est emblématique. « Si vous êtes contre l?art, c?est que vous abdiquez devant ceux qui tuent et sèment la terreur », dénonce Khaled devant un intervenant du public. La scène est tellement émouvante que le public n?a pas pu se retenir et a fortement applaudi. Pourtant, le personnage ne fait que paraphraser ce que son ami l?adjudant-chef lui a dit un jour, lorsqu?il l?a vu se soumettre à la fatalité et au renoncement avant de lui conseiller de se reprendre et de continuer ses études. Le gendarme se confie à son tour, car derrière la carapace impitoyable de l?agent de l?ordre impliqué dans la lutte antiterroriste, il y a aussi un père de famille qui a perdu sa femme et sa fille. Une leçon d?espoir Le recours aux gros plans et même aux hypers-gros plans (malgré le format télévisuel du film) convient à cette histoire qui accorde beaucoup d?intérêt aux sentiments mais dont la crédibilité et la gravité du thème interdisent une quelconque comparaison avec les mélodrames égyptiens qui squattent les écrans de télé algérienne. Ce film est produit par la société Cinéma Jeunes de Tiaret. Il est le premier à être, selon Abdelhalim Zerrouki, produit et réalisé à Tiaret, ce qui est en soi une fierté pour la société de production mais aussi pour la ville. Il a bénéficié d?une aide du Centre national du cinéma et de l?audiovisuel du ministère de la Culture dans le cadre de la manifestation « Alger, capitale de la culture arabe ». « L?idée du film a été déjà annoncée et une équipe (venant du théâtre amateur) a été mise sur pieds avant que l?opportunité du financement ministériel ne se présente.Un grand espoir est né, mais quand je suis monté à Alger et vu le montant accordé, j?ai vite déchanté mais je n?ai pas baissé les bras pour ne pas décevoir l?équipe qui attendait avec impatience mon retour », confie le scénariste chargé de la production qui devait alors faire des pieds et des mains pour récolter le reste de l?argent nécessaire au tournage. Chose étonnante, « ce sont finalement de simples citoyens qui ont mis la main à la poche, chacun selon ses capacités pour permettre à ce projet d?aboutir », avoue-t-il, et ces derniers peuvent en être fiers car le défi a été relevé. Comme pour les héros du film, Abdelhalim dira : « Nous aussi nous aurions pu dire dans les moments difficiles, il n?y a pas plus rien à faire dans ce pays, nous allons suivre les harraga. Mais non, nous avons résisté pour démontrer que les jeunes peuvent réaliser de bonnes choses. »


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