AVANT-PREMIÈRE DE "L'ANDALOU", DE MOHAMED CHOUIKH

Coproduit par l'Algérie, l'Espagne et la Tunisie, le long-métrage de fiction a été présenté jeudi, en avant-première, à la salle El-Mouggar. Le film sera visible jusqu'au 31 mars dans cette même salle, à raison de trois séances par jour, à partir de 14h.L'Andalou, un projet cinématographique porté par le réalisateur Mohamed Chouikh depuis à peu près 9 années, a été projeté jeudi soir, en avant-première, à la salle El-Mouggar.Le long-métrage s'intéresse à un personnage fictionnel, Salim (Mohamed Benbekriti), fils d'Abu Hamza, juriste musulman, et de Maria Rodriguez (Amina Loukil), une catholique. Secrétaire particulier de la reine Aïcha (Bahia Rachedi), mère du roi Bouabdil (Tarek Hadj Abdelhafid), Salim quitte Grenade à sa chute en 1492, et rejoint les côtes algériennes avec sa famille (sa mère et son frère médecin) et son ami juif, le tailleur Ishaac. Salim est d'abord engagé en tant que secrétaire confidentiel des trois filles de l'Emir Hamid el-Abd (Hassan Kachach), puis devient son grand intendant, et épouse sa fille, la princesse Mansourah (Malika Belbey).Les événements s'enchaîneront, et Salim sera rattrapé par la Reconquista espagnole et l'arrivée des frères Barberousse en Algérie. L'Andalou plonge son spectateur au c?ur de conflits et de luttes pour le pouvoir, de guerres au nom des religions, où les ennemis d'hier deviennent les alliés d'aujourd'hui, où il n'y a plus de place ni pour la paix ni pour la coexistence pacifique entre différentes croyances et religions. La fiction présente une Algérie devenue une terre d'affrontements à conquérir à coups d'alliances et à coups d'épées ; une terre de toutes les convoitises, construite sur des royaumes éphémères, de conspirations et de princes parfois sans gloire, en quête de pouvoir. La famille de Salim est comme une survivance des temps anciens où la paix caractérisait les différentes sensibilités et croyances, et l'histoire d'amour que le jeune homme vit avec Mansourah, et qui traverse tout le film, apparaît comme une note d'espoir et d'apaisement dans un monde remué par tant de combats et d'antagonismes.Le thème de l'Andalou n'est pas sans nous rappeler l'actualité immédiate de notre monde en souffrance, qui connaît des bouleversements, pour toutes sortes de raisons.Décadence ou faillite de l'homme, les enjeux de la planète aujourd'hui ne sont pas très différents de ceux du XVe et XVIe siècle, et ce, malgré la modernité, la technologie et toutes les choses qu'on nous sert volontiers pour nous expliquer la chance que nous avons d'être un humain au XXIe siècle. En outre, si l'Andalou est la première fiction historique à s'intéresser à une époque quelque peu lointaine de notre histoire et de celle du monde, le long-métrage manque de fraîcheur et de rythme, puisqu'aucun aucun affrontement direct n'a été filmé, alors que dans ce genre de films, il y a une (longue) scène emblématique qui montre une bataille.Tout est narré et rapporté par les personnages, ce qui crée une certaine monotonie, même si la musique, largement présente, tente de combler ce manque. De plus, de nombreux personnages historiques ont été introduits tout au long de la fiction, sans que leurs histoires ne soient suffisamment détaillées ou du moins expliquées.Par ailleurs, les dialogues de L'Andalou étaient en arabe classique, et si l'acteur principal et certains comédiens ont montré des aptitudes dans la maîtrise de cette langue, ceci n'a pas été le cas pour d'autres qui ont basculés parfois dans le sur-jeu. Il y a lieu de noter, enfin, la construction des personnages féminins. Celles-ci sont toutes présentées comme des femmes de caractère, avec une forte personnalité, ce qui souligne leur importance dans le conflit et dans l'histoire, et ce qui nous permet de construire une représentation positives des femmes à cette époque-là. Somme toute, l'Andalou est un film descriptif, qui place un personnage au c?ur d'une histoire complexe et tumultueuse.S KNomAdresse email