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Avant- Première de khti! de Yanis Koussim à Ibn Zeydoune


Avant- Première de khti! de Yanis Koussim à Ibn Zeydoune
Lamia, alias Ania Louanchi et Salima, l'infatigable Samia Meziane, deux jeunes femmes de 28 ans, auraient pu ne jamais se rencontrer tellement leurs vies sont différentes, et pourtant...Lorsque Lamia, résidente en psychiatrie, se voit confier le suivi de Salima, que les services de police viennent de ramener à l'hôpital psychiatrique, elle ne sait pas encore que la bulle dans laquelle elle vit va définitivement éclater.
En l'espace d'un jour et d'une nuit, deux mondes vont se confronter, deux modes de vie vont se féconder et cristalliser une partie du paradoxe algérien. Les deux jeunes femmes vont s'allier pour rendre hommage à la liberté et à la joie de vivre.

L'une médecin, belle et indépendante, qui conduit, fume et n'a pas peur des hommes, l'autre vivant en dehors de la ville, vole une voiture et descend en pleine nuit admirer la ville d'Alger. Une attitude jugée «folle» par les policiers, qui au lieu de la placer en prison, l'ont fait interner.

Mais si c'était un garçon? se demande la jeune fille éberluée mais qui a toujours toute sa tête et n'a de cesse de clamer qu'elle est une personne normale et que si l'hôpital était en manque de fous, elle l' aiderait facilement à lui en fournir en les cherchant dans la rue Didouche Mourad...Ce court métrage peut prêter à rire comme à méditer sur les conditions de la femme, laquelle brimée, se trouve encore écrasée soit sous le poids des traditions, soits sous le regard machiste, comme celui de ce médecin qui ose dire à sa collègue, Salima, «n'oublie pas qu'ici se sont les hommes qui commandent!».

Cette histoire touchante à plus d'un titre est servie par un bon choix musical qui accompagne le film. Les images tournées la nuit sont sublimes. Un peu à l'américaine, elles donnent un peu le tournis dans la dernière séquence.

Enfin, le vertige à partager équitablement entre les deux femmes. Le sentiment de liberté à savourer tout simplement. La femme médecin fait sortir la présumée malade et l'emmène à bord de son véhicule, en cachette, pour aller admirer la baie d'Alger. Elle commet là une infraction. Est-ce raisonnable? Cela nous ramène à la question de la normalité.

Finalement, qu'est-ce qu'un être normal, doué de sens? Quelqu'un qui se fonde dans la masse, autrement «sociable» sinon un exclu, un marginal?...Un fou à lier? Et la personnalité de l'individu dans tout cela? Différentes l'une de l'autre au départ, les deux femmes vont se rapprocher davantage. Elles sont complices dès le départ car ce sont des femmes.

Mais pas que ça...Lamia reconnaît cette légitimité originelle en finissant par l'avouer au médecin «ya khti!» comme élément d'abandon de remise en confiance. Ne dit-on pas que seules les femmes entre elles peuvent comprendre ce qu'elles endurent? En plus de ces deux comédiennes, on trouve dans la distribution des rôles, la jeune soeur de Yanis Koussim, crédible dans son rôle d'une douce folle, un ours en peluche toujours serré contre elle et Khaled Benaïssa dans la peau d'un infirmier paumé, un peu pervers et déconnecté de la réalité qui passe son temps, collé à la télé...

Réalisé dans le cadre de «Alger, capitale de la culture arabe», Khti! a été projeté dimanche dernier, à la salle Ibn Zeydoun, dans les deux versions originale et arabe, c'est-à-dire avec des mots en français...Pour plaire à tout le monde...Produit par Karim Moussaoui, un autre réalisateur qui connaît les rouages de ce métier, Khti! vient s'ajouter à la longue liste des courts métrages de Yanis Koussim.

Pour la petite confidence, Yanis compte s'attaquer prochainement aux longs métrages. Bonne chance alors. Car ceci est une autre aventure, encore plus laborieuse dans ce pays où le cinéma est véritablement un «djihad» selon le terme de Yasmina Khadra...
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