Algérie

Aux USA, le général égyptien Sissi se montrait discret et pieux Egypte



Aux USA, le général égyptien Sissi se montrait discret et pieux Egypte
Loin de l'image austère que le nouvel homme fort de l'Egypte dégage aujourd'hui dans son uniforme bardé de décorations, c'est un Abdel Fattah al Sissi en polo jaune et souriant qui pose dans l'album de la promotion 2006 de l'Army War College, l'Ecole de guerre de l'armée de terre américaine.Promu en août 2012 à la tête de l'armée égyptienne par le président islamiste Mohamed Morsi, qu'il n'a pas hésité à destituer un an plus tard, le général Abdel Fattah al Sissi, 58 ans, a laissé aux Etats-Unis le souvenir d'un homme sérieux, discret et pieux.
A Carlisle, la ville de Pennsylvanie où il a étudié à l'Army War College dans le cadre d'un programme international qui voit l'armée américaine former chaque année quelque 80 hauts gradés étrangers, le général Sissi s'est interrogé sur les ambitions américaines de démocratisation du Proche-Orient au lendemain de la guerre en Irak.
Dans son projet de recherche, dont certains extraits ont été publiés contre son gré, il insiste de manière prémonitoire sur la difficulté d'établir un système démocratique dans les pays arabes et sur le poids que la religion ne manquerait pas de jouer dans un tel processus.
"L'Histoire a montré que pendant les dix premières années d'une nouvelle démocratie, un conflit a de grande chance d'éclater, que ce soit à l'extérieur ou en interne, avant que la démocratie n'arrive à maturité", écrivait en 2006 le futur chef d'état-major de l'armée égyptienne.
"Se contenter de changer de système politique, en remplaçant un régime autocratique par un régime démocratique, ne suffira pas à bâtir une nouvelle démocratie", ajoutait-il. Réagissant à la victoire des islamistes du Hamas aux élections législatives palestiniennes de janvier 2006, que la communauté internationale a refusé de reconnaître, Abdel Fattah al Sissi plaidait encore pour que l'on donne à "un parti légitimement élu la possibilité de gouverner".
"L'Occident ne peut pas vouloir la démocratie au Proche-Orient et rejeter ce qui en prend la forme parce qu'un parti moins favorable aux Occidentaux est porté au pouvoir", faisait valoir le général égyptien.
MUSULMAN PIEUX
Ceux qui l'ont fréquenté se souviennent d'un musulman très pratiquant, qui dirigeait parfois la prière à la mosquée de Carlisle.
En 1981, lors de son premier séjour américain, dans un camp d'entraînement de l'US Army à Fort Benning, en Géorgie, il avait déjà occupé la fonction d'imam pour les étudiants musulmans, se souvient Frank Phillips, un officier américain avec lequel il avait sympathisé.
"Il était pieux, mais pas fanatique", raconte-t-il, parlant d'un "grand patriote".
Sherifa Zuhur, qui a eu le général Sissi comme étudiant dans sa classe d'études proche-orientales à l'Army War College, garde elle le souvenir d'un homme extrêmement discret, et très prudent dans ses propos.
"Je crois qu'il était conscient que tout ce que vous dites peut être répété", confie-t-elle.
Aucun des officiers américains qui ont côtoyé le général Sissi pendant l'un ou l'autre de ses séjours outre-Atlantique n'ont souhaité s'exprimer sur la situation politique en Egypte, où ignorant les mises en garde occidentales, les autorités ont dispersé par la force les campements des partisans du président déchu Mohamed Morsi au prix de violences qui ont fait plus de 900 morts.
Frank Phillips veut cependant croire que le nouvel homme fort de l'Egypte, qui a eu 16 conversations téléphoniques avec le secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel depuis la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet, est "plus disposé à entendre le point de vue américain". Les Etats-Unis sont le principal partenaire de l'armée égyptienne, à laquelle ils versent 1,3 milliard de dollars d'aide par an dans le cadre du Traité de paix égypto-israélien signé à Camp David.


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