Algérie

Aux portes de la crise



Visiblement, les fonctionnaires de l'éducation et de la santé ne décolèrent pas. Depuis le début du mois de novembre, les syndicats de ces deux secteurs de la Fonction publique sont montés au créneau pour fustiger la politique d'attente des pouvoirs publics.Et pour cause, le 3 novembre dernier, trois syndicats regroupés sous la bannière de l'Intersyndicale de la santé, à savoir le Syndicat national des enseignants chercheurs hospitalo-universitaires (Snechu), le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) et le SAP, ont clairement affiché leur «déception» quant aux promesses non tenues sur l'amélioration de leurs conditions de travail et de leur situation socioéconomique.
Ce lundi, en effet, les paramédicaux ont paralysé les hôpitaux, tandis que le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a entamé, lui, sa troisième semaine consécutive de grève. Cette forte mobilisation de ces deux secteurs névralgiques promet de perdurer aussi longtemps que leurs tutelles ignoreront leurs doléances. Comme point de mire à toutes ces revendications, la revalorisation salariale.
Le gouvernement a certes reconnu la baisse du pouvoir d'achat des ménages, mais n'a cependant pas assez communiqué sur le sujet. Bien que le Premier ministre ait pris le soin d'inscrire de nouvelles mesures fiscales relatives à la baisse de l'IRG (impôt sur le revenu global), aux fins de rattrapage salarial érodé par le retour de l'inflation, il reste que l'opinion est confuse et peu dubitative sur les résultats attendus.
L'augmentation généralisée des prix, la perte du pouvoir d'achat de la monnaie nationale face aux devises, comme l'euro et le dollar, et l'inflation bien sûr sont telles que les Algériens espèrent des mesures plus hardies de la part du gouvernement afin de freiner la détérioration de la situation sociale.
L'Exécutif semble ainsi vite rattrapé par ses choix politiques, dont la recette, bien que contestée par ailleurs dans les économies modernes, a été de laisser filer l'inflation en optant pour la «planche à billets», afin de financer le déficit budgétaire.
Faute de remède à une situation qui se complique à mesure que les années passent, les dirigeants du pays, dont la marge de man?uvre est visiblement de plus en plus étroite, compte tenu de l'état des finances publiques, se contentent ainsi de solutions palliatives.
Dernièrement, le Premier ministre a informé sur le projet d'augmentation du point indiciaire dans la Fonction publique afin de hausser les salaires dans ce secteur.
De manière univoque. Les syndicats dont la colère a bien commencé à gronder, eux, ne sont apparemment pas associés à ces mesures. Le secteur économique, quant à lui, reste pour l'instant insondable en l'absence de statistiques ou d'études fiables. Ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle, loin s'en faut.
C'est clair, l'absence de dialogue risque de rendre la partie encore plus difficile avec ces partenaires sociaux qui ne sont pas considérés comme tels. Le gouvernement ne peut pourtant continuer à faire la sourde oreille aux syndicats sans compromettre la paix sociale. La crise sociale est à nos portes.
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