Algérie

Aux origines du mal


Le tueur silencieux continue de faire des ravages. Depuis l'arrivée de la vague de froid, au début du mois en cours, le monoxyde de carbone a déjà tué 10 personnes. Des centaines d'autres ont été sauvées in extremis. Le dernier drame a eu lieu, dimanche dernier à Sétif. Une famille composée de 5 personnes a été complètement décimée! Un nouveau drame qui relance le débat sur la conformité des appareils de chauffage à gaz et chauffe-bains. Ils ont toujours été pointés du doigt, comme étant la cause principale de ces «massacres», car, durant la dernière décennie, l'Algérie était devenue la «poubelle du monde». Toutes sortes d'appareillages, aux normes et à la provenance inconnue, y sont commercialisés, faisant fi des dangers qu'ils peuvent représenter sur la vie des citoyens. Nous avons alors décidé de mener une petite enquête pour comprendre les vraies raisons de ce carnage. Logiquement, c'est par la «république du Hamiz» que l'on commence nos recherches. C'est la «Mecque» de l'électroménager, de l'électronique et des appareils de chauffage. On trouve tout ce que l'on cherche, à tous les prix, mais l'origine n'est souvent pas garantie.Des détecteurs sur les nouveaux modèles
Sous une pluie battante, on traverse les allées boueuses et cabossées de ce «centre commercial» à ciel ouvert. Notre première halte se fait dans un magasin qui semble spécialisé dans les chauffages à gaz. À l'entrée, une dizaine de marques y sont exposées.
«Wine rahe Li d'origine» (où est celui qui est original' Ndlr), demandons-nous au vendeur. Il répond sèchement que tous ceux qui sont vendus sur le marché algérien ne sont pas d'origine! Une affirmation qui nous donne froid dans le dos. Mais Aïssa, comme il dit s'appeler, rassure sur le fait qu'aucun de ses modèles n'est dangereux pour la santé et la vie des utilisateurs. «C'est juste que ce sont des appareils qui ont une durée de vie qui ne dépasse pas les 5 ans, alors que ceux de bonne qualité, que l'on vendait, il y a quelques années, pouvaient durer jusqu'à 15 ans, voire plus», explique-t-il, avant de nous présenter sa gamme qui commence à partir de 18 000 dinars jusqu'à 45 000 dinars. «Tous sont de montage algérien, sauf celui de 45 000, est italien», souligne-t-il précisant que les «made in bladi» étaient les plus sûrs en matière de sécurité. Il argumente ses propos par le fait que les nouveaux modèles sont équipés de détecteurs de monoxyde de carbone. Une nouvelle norme imposée par l'Etat. «S'il n'a pas de détecteur, c'est qu'il s'agit d'un ancien stock», précise-t-il. Chose que l'on confirme vite chez d'autres commerçants qui nous donnent les mêmes explications. Ils sont aussi tous unanimes à dire que ceux montés en Algérie sont des valeurs sûres. Néanmoins, la «star» des chauffages à gaz est celui fabriqué par l'entreprise publique Sonaric. «C'est le plus fiable, le plus sûr», attestent-ils. «Cet appareil est le plus demandé. Ce qui fait qu'il soit en rupture de stock. Il coûte, aussi, plus de 10 000 dinars plus cher que ses concurrents. Son prix varie entre 34 000 et 38 000 dinars», font savoir les mêmes vendeurs.
Mais qu'en est-il du Delonghi (italien, ndlr), qui était la référence absolue durant les années précédentes' «Il n'est presque plus disponible. Rares ceux qui les vendent à cause de son prix qui équivaut presque à celui d'une chaudière murale», nous répond un plombier, rencontré sur place, qui recherchait désespérément un Sonaric pour l'un de ses clients. Ce chauffagiste nous met en garde contre ceux qui nous proposerons des Delonghi à 20 000 ou 30 000 dinars. «Ce sont des imitations, ils sont dangereux», prévient-il.
La star des chauffages
Ce professionnel avertit également sur les autres produits à l'origine et à la marque inconnues. Cela même s'ils semblent être de plus en plus rares. On ne voit plus les marques chinoises, turques, iraniennes ou irakiennes, qui envahissaient les magasins du Hamiz, durant les années précédentes. «Les services de contrôle du ministère du Commerce sont plus sévères. Ils ferment tout magasin qui vendrait ces produits non conformes», assure un jeune vendeur, précisant que même au niveau des douanes, ils sont également plus vigilants. Cela veut-il dire que ces appareils ne sont plus en vente' Dans un monde parfait peut-être! On nous révèle que certains importateurs et des vendeurs, sans foi ni loi, continue de les vendre en toute discrétion. On nous indique l'adresse de l'un d'eux. Il nous présente les appareils affichés dans sa vitrine, comme ceux disponibles dans les autres magasins. On commence alors à lui dire que nous avons un budget limité. Alors il nous sort de l'arrière-boutique ses vieux stocks, tout poussiéreux, de chauffages sans marques. Les prix varient, entre 10 000 et 18 000 dinars. C'est la moitié de moins que pour les autres appareils. On vous laisse alors imaginer le danger qu'ils représentent...
Dans l'arrière-boutique...
Cette virée au Hamiz nous a laissé quelque peu rassurés sur les produits disponibles, actuellement, sur le marché. Ce n'est plus le grand «souk» que nous avions pu constater durant les années précédentes. Cela même si certains canards boiteux continuent de mettre en danger la vie des citoyens pour quelques dinars de plus. Les accidents au monoxyde de carbone dus aux appareils de mauvaise qualité devraient logiquement baisser. Toutefois, leur mauvaise installation est aussi un élément qui mène à ce genre de tragédie. Il y a aussi l'inconscience et l'incivisme de certaines personnes. Une source au niveau de l'organisme national du contrôle technique des constructions (CTC) assure que nombre de citoyens entreprennent des travaux dans leurs appartements, touchant au passage les conduites d'aération de ces chauffages à gaz, «ce qui provoque leur obstruction au niveau des gaines», atteste-t-elles soulignant qu'une nouvelle norme a été mise en place dans les nouvelles constructions.«Il s'agit d'un espace de 30 centimètres de plus entre la gaine et la cheminée, afin d'éviter ce type d'accidents en cas de travaux», conclut-elle. De nouvelles normes donc, des contrôles plus stricts et un grand ménage ont été faits dans le domaine. Néanmoins, cela reste insuffisant, puisque le nombre de victimes est toujours aussi important. Les détecteurs de CO2 peuvent vous avertir de l'arrivée de ce tueur sans goût, ni odeur...
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