Algérie

Aux origines de la crise



Lorsque la situation s'était embrasée en 2013, en Ukraine, nombre de diplomates occidentaux avouaient «n'avoir rien vu venir».Bel exemple de cécité qui sera, de nouveau, en évidence lors de l'annexion de la Crimée, en 2014. Comme si l'action diplomatique était indépendante des enjeux géostratégiques et économiques, la vision des intérêts objectifs de la Russie, dans un tel contexte, aura fait, constamment, défaut aux stratèges occidentaux. Et pourtant. Nonobstant les facteurs d'ordre religieux, culturel et historique, toute «l'histoire» de l'Ukraine se résume au fait qu'elle doit son existence étatique à l'effondrement de l'URSS, en 1991. Avant cet épisode, qualifié par le président russe Vladimir Poutine de «plus grande catastrophe du XXe siècle», l'Ukraine n'existait pas au plan du droit international. En 1917, lors de la chute de l'empire tsariste, deux gouvernements non reconnus, l'un nationaliste à Kiev et l'autre bolchevik à Kharkov, se partageaient moins de la moitié du territoire actuel.
Combattus par la Pologne entre 1918 et 1921, les nationalistes sont phagocytés par Varsovie tandis que les bolcheviks créent la RS d'Ukraine, nouvelle branchette de l'URSS. Et l'Ukraine indépendante de 1991 se résume à cette RSU qui fut restructurée par Staline en 1945. Ce bref rappel permet, déjà, de mieux saisir l'importance des enjeux qui motivent le conflit actuel entre une Ukraine devenue une des rampes de lancement géostratégique de l'Otan et la Fédération de Russie qui n'a pas cessé, depuis une dizaine d'années, de mettre en garde contre les coups de canif portés à un accord écrit de 1991 entre le président Gorbatchev et son homologue américain Georges W.Bush qui s'était engagé à ne pas avancer vers les frontières russes.
À l'époque, l'Otan comptait 13 pays membres. Elle en affiche 30, aujourd'hui, alors que l'Ukraine, la Georgie et même la Suède se pressent à sa porte, sous prétexte que la Russie est devenue un «danger régional».
Depuis des années, Vladimir Poutine a, maintes fois, dénoncé la «trahison» des pays occidentaux qui n'ont pas respecté leur engagement de ne pas s'étendre à l'Est de l'ex-RDA, au lendemain de la chute du mur de Berlin, accompagnée pacifiquement par Gorbatchev.
«Ils nous ont menti à plusieurs reprises», ressasse Poutine. «Ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont placés devant des faits accomplis. Cela s'est produit avec l'expansion de l'OTAN vers l'Est, ainsi qu'avec le déploiement d'infrastructures militaires à nos frontières». Constat qu'il a ressorti, lors de l'annonce de l'annexion de la Crimée qui, en bonne logique, aurait dû suffire à l'alliance atlantiste pour mesurer l'urgence d'un arrêt de sa progression rampante en direction de Moscou. Tel ne fut pas le cas et c'est pourquoi la Russie qui se sent «menacée» par la marche de Kiev vers l'Otan a décidé de bousculer le scénario, d'autant que l'Ukraine a beaucoup gagné avec le complexe militaro-industriel de l'ex-URSS puis de la Fédération de Russie, cette dernière plaçant la région du Donbass (Donetsk et Louhansk) au même rang prioritaire que la Crimée, pour des raisons ethniques et culturelles, autant que géostratégiques, évidentes.


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