Algérie

Aux origines d'une aventure qui perdure



Pour le trentenaire de la fondation du Soir d'Algérie, nous proposons à nos lecteurs, tout au long de ce mois d'août, un retour sur les principaux évènements, étapes et dates ayant marqué le parcours du journal, et aussi l'histoire du pays. Un devoir de mémoire, pour entretenir le souvenir d'une épopée et raviver la flamme d'une aventure qui se poursuit.Dans un mois, jour pour jour, Le Soir d'Algérie fêtera le 30e anniversaire de la parution de son premier numéro. Cela s'est passé un lundi 3 septembre de l'année 1990. Les kiosques recevaient, pour la première fois, en milieu de journée, un tabloïde fraîchement sorti des rotatives et dont le logo rouge et blanc ne pouvait laisser indifférents les badauds.
La curiosité se lisait dans les regards des lecteurs qui s'impatientaient de découvrir, trois décennies après l'indépendance, un journal qui échappait, enfin, au contrôle direct des pouvoirs publics.
Ce 3 septembre 1990 restera, sans aucun doute, gravé dans la mémoire collective.
Le Soir d'Algérie venait ainsi d'écrire la première page de l'histoire de la presse indépendante. Il sera suivi, quelques semaines plus tard, de deux autres titres, El Watan et El Khabar. Une nouvelle ère s'annonçait, porteuse de grandes promesses, liberté d'expression, diversification du champ médiatique et consolidation du processus démocratique initié dans la douleur quelques années plus tôt.
De la rue de la Liberté à la Maison de la presse
Une ouverture inespérée rendue possible grâce aux réformes profondes entamées vers la fin des années 80 par le gouvernement Hamrouche et dont la presse indépendante devait être l'élément moteur. Une circulaire avait permis, en effet, aux femmes et hommes de la presse publique qui le souhaitaient de se constituer en collectif et de se lancer dans l'aventure entrepreneuriale.
Et c'est donc dans ce cadre, que le projet de création du Soir d'Algérie avait germé, dès le printemps 1990, quelque part dans les bureaux feutrés du 20, rue de la Liberté, et les premières esquisses de maquette étaient conçues et dessinées dans la banlieue d'Alger, à Birkhadem, en plein milieu de l'été. La société d'informatique Astein et son gérant, M. Chaouch, offrirent en effet le gîte à l'équipe du Soir tout en les initiant aux nouvelles avancées dans la réalisation des journaux. En parallèle, les équipes technique et de rédaction prenaient progressivement forme. Les premiers sujets à développer étaient arrêtés et répartis entre les tout nouveaux journalistes. Quelque temps plus tard, l'équipe prit définitivement ses quartiers dans les locaux encore déserts, de la maison de la presse du 1er-Mai, actuellement portant le nom de Tahar Djaout.
Plus d'un siècle de savoir-faire
À l'origine de cette aventure intellectuelle, cinq journalistes, Maâmar Farah, Djamel Saïfi, Zoubir Souissi, Fouad Boughanem et Mohamed Bederina, cumulant plus d'un siècle d'expérience et une vision claire et précise du titre qu'ils entendaient mettre sur le marché, dans une configuration initiale de journal du Soir orientée vers l'information générale et les phénomènes de société. Aussitôt, les équipes commencèrent à s'organiser autour de deux pôles, essentiellement rédactionnel et technique, et les premiers essais s'effectuaient avec le système innovant, à l'époque, de Publication assistée par ordinateur (PAO). Après une période d'installation, d'adaptation et de rodage et aussi pour mettre les équipes en situation d'activité réelle, deux éditions test aux numéros zéro ont été imprimées et accueillies avec beaucoup d'enthousiasme par l'effectif encore réduit du journal. Cela a permis d'affiner la confection du titre et d'améliorer la coordination entre la rédaction et le service technique avec ses deux équipes distinctes, une, le matin pour le bouclage, et l'autre l'après-mid, pour les pages du jour. Elles sont constituées d'éléments au long cours dans le domaine et dirigés par le duo Mohamed Belkadi et Kaddour Dali-Bey qui ont longuement fait leurs preuves dans les imprimeries d'El Moudjahid.
Le lourd tribut de l'indépendance
A la sortie du deuxième numéro zéro, une ferveur particulière régnait dans la grande salle de rédaction où l'état-major de la rédaction, composé de Maâmar Farah, Djamel Saïfi et Fouad Boughanem, relevait les imperfections et les correctifs à apporter, tout en préparant la matière pour l'édition du lendemain, 3 septembre 1990, celle du n°1 du Soir d'Algérie.
Depuis, et 30 années durant, le journal n'a raté aucun rendez-vous avec ses lecteurs. Et dans les moments les plus douloureux et difficiles qu'il a traversés, il a su se relever. Il n'a pas, non plus, dévié de la trajectoire qui lui a été tracée par ses fondateurs et pour laquelle il a payé un lourd tribut à travers le martyre de Yasmina Drici, Allaoua Aït Mebarek, Mohamed Dhorban et Mohamed Derraza.
En faisant siennes les recommandations du père du journalisme moderne, Joseph Pulitzer, qu'il arbore, du reste, fièrement et quotidiennement au bas de son «ours», Le Soir d'Algérie n'a pas, en outre, renié ses engagements patriotiques, encore moins ses convictions politiques.
Témoin de son temps, il a accompagné les Algériens tout au long de ces trois décennies de souffrance et de drames mais aussi de mutations, d'espérances et de combat.
Aujourd'hui, et pour relever les défis de la numérisation rampante qui menace la presse écrite de par le monde, Le Soir entend mettre à profit cette halte mémorielle pour préparer un redéploiement optimal et efficient à travers une consolidation du titre et le développement et la modernisation de l'interface digitale.
Il y va de la pérennité de la saga...
Belkacem Bellil
Des unes et des évènements : Année 2020
La Covid-19 impose son diktat
L'Algérie est, comme le reste du monde, frappée de plein fouet par la crise sanitaire qui déstabilise les pays les plus développés.
Le président Tebboune, qui entame son mandat dans des épreuves complexes, a qualifié, dès le mois de mars 2020, la situation de «grave mais encore maîtrisable» tout en annonçant des décisions radicales. Au total, 12 dispositions draconiennes ont été immédiatement mises en application pour tenter d'arrêter la propagation de la pandémie du Covid-19. Fermeture des frontières, suspension de toutes les liaisons aériennes, fermeture des mosquées, des commerces non indispensables pour le citoyen, des marchés hebdomadaires, des centres commerciaux, interdiction des transports en commun ; bref, une paralysie totale du pays. Ces mesures exceptionnelles ont été suivies de la décision de mettre en confinement totale la wilaya de Blida et partiel le reste du pays.
Cette situation a coïncidé avec le mois du Ramadhan et la fête de l'Aïd El-Fitr où les citoyens étaient contraints de modifier leurs habitudes et se soumettre aux exigences des autorités sanitaires.
La situation s'est aggravée ; aujourd'hui, elle est loin d'être maîtrisée. Les contaminations ont atteint des chiffres record.
Les martyrs créent l'évènement
L'événement majeur de l'année 2020 restera sans aucun doute le rapatriement des restes mortuaires de valeureux résistants tombés au champ d'honneur dans plusieurs régions du pays. Après avoir vaillamment résisté, des mois durant, aux bataillons de l'armée coloniale française, les Bouziane, Boubaghla et leurs compagnons ont été sauvagement décapités et leurs crânes transférés en France pour y être exposés comme trophées de guerre et objets de curiosité pour les scientifiques et les anthropologues en quête de nouvelles découvertes.
C'est en 2011 que le chercheur algérien Ali Farid Belkadi a donné l'alerte sur la présence et le recensement dans les sous-sols du Musée de l'homme de Paris de centaines de restes mortuaires d'Algériens dont 70 crânes appartenant aux résistants de Zaâtcha (Biskra).
Depuis son élection, le Président Tebboune a fait du rapatriement de ces valeureux héros une priorité, d'autant que du côté français, le président Macron a affiché officiellement sa disponibilité, dès 2017, à en faciliter la procédure. Et c'est le vendredi 3 juillet 2020 que ces résistants de la première heure ont enfin retrouvé la terre pour laquelle ils ont consenti le sacrifice suprême. Un hommage exceptionnel, digne de leur combat héroïque, leur a été rendu par la nation toute entière. Ils reposent désormais dans le carré des martyrs de la nation, à El Alia.
En attendant le retour des autres combattants de la résistance populaire toujours séquestrés dans les musées parisiens.


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