Algérie - Abane Ramdane

« Aux lecteurs kabyles »



Jamais, le titre dun ouvrage, parmi la dizaine publiés jusqu'à présent, n'a suscité autant d'appréhensions chez Khalfa Mameri, universitaire, ancien ambassadeur et ancien député du RCD à Alger. Son ouvrage, Abane Ramdane, le faux procès, paru dernièrement chez une modeste mais courageuse maison d'édition de Tizi Ouzou, a provoqué déjà une certaine curiosité chez les lecteurs. Pour l'auteur, « l'assassinat de Abane n'est pas un volcan éteint ». Mais, il estime que la parution d'un tel livre pourrait provoquer des troubles dans les esprits et même dans les rues de Kabylie. Aussi, justifie-t-il ses craintes en publiant cet ouvrage en lançant un appel en postface à ses « lecteurs kabyles » pour garder raison . Car, pense-t-il encore, l'insertion d'un témoignage du colonel Ouamrane qui narre les circonstances de l'assassinat de Abane « risquerait de déclencher une tempête en Kabylie ». Tels sont les avertissements émis par des gens à qui il avait soumis le document de Ouamrane avant sa publication. La propension facile à vouloir opposer Abane Ramdane à Krim Belkacem est encore tenace. Krim Belkacem était parmi les cinq colonels (Boussouf, Bentobbal, Mahmoud Chérif, Ouamrane) qui avaient décidé du sort à réserver à Abane Ramdane. Pourquoi cette fixation particulière sur Krim ? En tout cas, la sortie de cet essai alimente chez son auteur des inquiétudes et des soucis de voir sa région, la Kabylie, divisée davantage par l'interprétation qui serait faite de l'opposition des deux figures de la guerre de libération. Le concepteur de la charte de la Soummam, Abane Ramdane, d'un côté et le signataire des Accords d'Evian, Krim Belkacem, de l'autre. L'objectif de Khalfa Mameri semble évident : protéger sa région d'une part, et critiquer le système politique algérien qui, assume-t-il, est gangrené par le régionalisme au niveau des hautes fonctions officielles de l'Etat. « Les dix fonctions les plus importantes au niveau de l'Etat algérien sont détenues, en fait confisquées, par des dirigeants venus d'une seule région, l'Oranie ». Cet état de fait, important aux yeux de l'auteur, n'a ni ému les partis politiques ni dénoncé par les intellectuels et les personnalités politiques, ni révélé par les journaux.


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