Autres temps, autres m'urs

Aujourd'hui disparue des us et coutumes locales, la fête du printemps était surtout une affaire de femmes.A Ouled Aïdoune, une grande tribu de la région d'El Milia, et bien avant l'arrivée de la saison florale, on se préparait pour accueillir le printemps. La fête s'étalait sur plusieurs jours et durait le temps d'organiser des cérémonies conviviales et de préparer des repas spécialement dédiés à cet événement.Si les hommes avaient leurs jeux préférés, les femmes sortaient pour chanter dans des espaces, où elles avaient l'habitude de venir faire la fête chaque saison. Saison des amours, des fleurs et des couleurs par excellence, le printemps était pour les hommes de chaque localité de cette région une occasion à saisir pour lancer ce clin d'?il admirateur à l'élue de son c?ur.La fête du printemps était aussi, sans qu'on l'affiche ou le décréter ouvertement, un événement sensuel. Pour donner libre cours à ses sentiments d'amour et de bonheur.Dans la discrétion et la dignité d'une femme attachée aux valeurs et à l'honneur de la famille et de la tribu, les jeunes filles ne se privaient pas de faire le jeu de leurs admirateurs. Munis de l'ortie piquante, cette plante connue et redoutée pour ses propriétés urticaires, les jeunes hommes poursuivaient les femmes pendant qu'elles chantaient. Celle qui est approchée subie une raclée de cette plante sur ses mollets.Et pourtant, la fête du printemps ne s'arrêtait pas à ce jeu. Elle était l'occasion pour la nouvelle mariée de rendre visite à sa famille, chargée de cadeaux et de gâteaux. «Elben ouel Kessra di bat'mar» ou le petit lait et la galette fourrée aux dates était le menu de choix de la fête du printemps. De nos jours, il n'en reste plus rien de cette ancestrale tradition.