30 millions de
pub par an, 02 milliards d'e-mail commerciaux, 75.000 spots d'annonces. Le
volume de la publicité est énorme en Angleterre. A la tête de cet empire, une
instance de régulation fondée sur le consensus et la gestion par les pairs.
Publicité
publique, éthique, dépassements, sanctions, fausses pubs, monopole ou lobbys
d'annonceurs, la première manne d'argent pour les médias anglais est gérée
depuis 1962 par une instance suprême qui décide du correct et de l'incorrect
sans compte à rendre à une autorité du gouvernement. « Le tout est fondé sur
une entente entre annonceurs qui fixent, par le biais d'un comité, les règles
du jeu », expliquera Matt Wilson, le chargé de presse de la « Advertising
standards authority » située à Londres. Le principe de base est celui de la
veille permanente sur la base des doléances des consommateurs ou autres «
policiers » de la circulation de la pub. « Nous recevons entre 25.000 et 30.000
doléances par an », ajoute notre interlocuteur. Les doléances servent à
débusquer les publicités mensongères ou celles en infraction avec un code
éthique consensuel défini par les partenaires et membres du comité, qu'ils
soient indépendants ou gens du métier. « Le volume des plaintes touche
essentiellement le cas des publicités mensongères, mais les sanctions ne sont
jamais directes », explique-t-on. La procédure ? Elle est simple : l'autorité
fixe les règles définies par les annonceurs eux-mêmes et se les impose selon un
modèle d'autorégulation éprouvé depuis un demi-siècle. Par la suite, en cas
d'infraction, les annonceurs « frauduleux » sont tout simplement identifiés,
leur pub retirée des surfaces et des supports et leur cas est dénoncé
publiquement dans les journaux. L'autorité possède un bion réseaux de journalistes
friands, selon la tradition anglaise, de ce genre de petits scandales. « Il
arrive même que le journal qui a servi de support à la mauvaise pub, de
dénoncer lui-même cette pub et d'en faire un article à sensation ! », raconte
Matt Wilson. Les sanctions sont donc lourdes pour l'annonceur mais elles ne
sont pas directes : en cas de scandale public, il lui en coûtera beaucoup plus
qu'une simple amende. L'autorité de la pub n'a pas force de loi mais celle de
l'éthique dans un pays qui en fait un souci majeur au sein de son économie de
consommation directe. Des cas de tentatives de corruption ? Notre interlocuteur
sourit : « Impossible : le comité est public, ses membres sont connus, et
s'auto surveille lui-même par partenaires. Aucun annonceur ou lobby d'annonceurs
n'osera prendre un tel risque. » Les pressions peuvent exister mais elles ne
peuvent pas aboutir, nous affirme-t-on. Un cadre général de transparence veut
que des lobbys d'annonceurs peuvent discuter des règles ou des décisions de
l'autorité, en négocier la « sévérité de jugement » ou défendre un produit par
l'argument de la concurrence et de la nécessité, mais pas par le biais de
commissions informelles.
L'autorité recourt aussi à un autre mécanisme
de régulation : laboratoires indépendants, expertises neutres, etc. Le cas se
pose « par exemple pour les nouveaux produits des grandes marques de
cosmétiques », vaste marché en Occident. Les producteurs doivent soumettre et
fournir leurs propres expertises, lesquelles sont soumises à l'examen d'autres
labos pour confirmations. Le financement ? Là aussi, pour ce « tribunal » qui
emploie près de 100 agents, c'est la règle de l'autofinancement : « 0,1 % sur
toutes les publicités mises en circulation ». L'équivalent de 07 millions de
livres sterling par an avec un champ de compétence qui s'exerce sur presque
tous les supports: poster, e-mail directs, Internet, affichages, journaux,
médias, TV, etc. et presque pour tous les genres de publicité touchant au cas
d'éthique, d'atteintes à l'environnement, protection des enfants, package
téléphones et Internet, soldes et alcools, entre autres.
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Posté Le : 27/03/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : K D
Source : www.lequotidien-oran.com