Algérie

Autoritarisme, grâce et disgrâce


Autoritarisme, grâce et disgrâce
Les titres de presse trahissent un certain ahurissement devant la soudaine relégation de Belkhadem. En effet, le procédé lui-même renferme toute la violence de la sanction. La dépêche d'agence qui fusionne les deux sanctions, l'une politique, l'autre partisane, et mêle les termes d'un décret présidentiel et ceux d'une instruction organique, constitue une forme inédite de communication officielle.Mais ici s'arrête la singularité du geste. Car, pour le reste, la précarité du statut de "responsable", au-delà de la part d'incertitude propre à toute carrière politique, comme celle du statut de cadre en général, est inhérente à la nature même du régime. Si son équilibre global est peut-être la résultante dynamique des rapports de force entre clans, l'on observe clairement que les destins individuels dépendent de la volonté personnelle du chef de l'Etat. Ce pouvoir discrétionnaire s'étend au-delà des institutions relevant de la fonction exécutive, jusque dans les institutions de pouvoir réputées "indépendantes" de l'Exécutif.La déclaration de Saâdani remerciant le président de la République "pour la confiance qu'il a placée en lui", au moment d'être supposément élu "par ses pairs" à la tête de l'Assemblée nationale, en 2004, est en soi une illustration caricaturale de cette omnipotence présidentielle.En réalité, l'étonnement suscité par le brutal bannissement de Belkhadem vient du fait que la décision viole une règle que l'opinion générale croyait établie : une règle selon laquelle il y aurait, parmi le personnel attaché au service du régime, des éléments qui ont atteint un niveau d'intégration qui les prémunit de la déchéance. L'événement prouve donc qu'il n'en est rien. Et que tout le monde y est donc en sursis politique et statutaire permanent. Le soudain rappel de Missoum Sbih, ex-ambassadeur à Paris, alors considéré comme ami "intouchable", avait, à l'époque, suscité la même surprise et les mêmes interrogations quant aux griefs qui lui avaient valu cette tardive, mais tout de même abrupte, fin de carrière.L'arme de l'exclusion touche souvent des responsables qui, comme l'ancien Premier ministre Benbitour ou l'ancien ministre Rahabi, font valoir leur vision divergente sur des questions de gestion de l'Etat. Pourquoi, Rahabi, a-t-il vu sa carrière diplomatique interrompue avant terme ' En république, le désaccord politique ne peut justifier les représailles professionnelles !Mais il y a tous les bannis du régime, voire du système, qui, pour avoir un jour laissé filtrer les prémices d'une autonomie de pensée, un signe d'insoumission à la vision unique ou un indice d'inadaptation au système autoritariste, se sont vu définitivement frappés d'exclusion. Et pour qui, il n'est même plus concevable de prétendre à certains types de fonctions, voire certaines activités sociales ou privées !Paradoxalement, les "élus" du régime, après avoir donné les gages de leur obédience, peuvent prétendre aux hautes fonctions, mais restent susceptibles de déchéance, justifiée ou non. C'est pourtant ceux-là mêmes qui ont la charge de défendre le régime autoritaire. Et même celle de traquer les élites et les citoyens remettant en cause l'ordre du pouvoir total.M. H.musthammouche@yahoo.frNomAdresse email


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