Algérie

Autopsie d'un secteur négligé


"Le tourisme en Algérie manque de clairvoyance et de stratégie à long terme." Tel est le constat amer dressé par les spécialistes ayant pris part au séminaire international sur le tourisme organisé, hier, à l'université Akli Mohand-Oulhadj de Bouira.Pour prouver le déclin du tourisme en Algérie, les intervenants ont mis en lumière le dernier rapport du World Economique Forum (WEF), lequel, dans son classement concernant la compétitivité touristique, relègue l'Algérie à la 118e place sur 180 pays. Un classement peu reluisant par rapport à nos voisins, à savoir la Tunisie et le Maroc, qui occupent respectivement la 14e et la 16e place.
Ainsi et selon les experts conviés à cet événement, notamment Mme Hayet Ghouilem et le professeur Arezki Medini, tous deux experts dans le domaine de la stratégie touristique, l'Algérie a "négligé" ce secteur hautement stratégique. En effet et d'après les intervenants, le tourisme algérien fait face à de nombreux obstacles aussi bien administratifs que culturels.
Parmi ces embûches qui freinent l'émergence d'un tourisme de masse, les participants à ce colloque ont cité, entre autres, la bureaucratie, les blocages des investissements ainsi que l'absence de culture touristique. "Pourquoi les Algériens préfèrent-ils aller en Tunisie ou bien au Maroc pour passer leurs vacances, alors que leur pays est un pays touristique par excellence '", se sont interrogés les experts présents. À cette interrogation, les intervenants, à l'instar du Dr Yacine Benzidane, ont répondu : "Tout bonnement parce qu'ils y trouvent des infrastructures convenables, un accueil chaleureux et des sites aménagés. Des éléments élémentaires, mais qui font cruellement défaut en Algérie." Les participants à ce séminaire n'ont pas hésité à mettre en lumière ce qu'ils ont qualifié de manque de clairvoyance dans la mise en place d'une stratégie touristique viable en Algérie. "À l'évidence, les pouvoirs publics n'ont pas misé sur le potentiel touristique du pays, alors que l'Algérie, à travers tout son territoire, est un vaste champ touristique qui ne demande qu'à être exploité et mis en valeur", ont-ils indiqué. En outre, les séminaristes ont regretté le fait que les investissements touristiques ne soient pas encouragés par les pouvoirs publics. "Beaucoup de projets dans le Sud algérien ont fait, par le passé, l'objet de blocages administratifs et bureaucratiques, qui ont fait fuir les investisseurs notamment étrangers", est-il mentionné dans un rapport présenté par les chercheurs yéménites.
D'autres participants ont évoqué le cas de la wilaya de Bouira, pourtant considérée comme une wilaya touristique par excellence. Là encore, les blocages administratifs et le manque de vision ont été mis à l'index. En effet, en 15 ans, seulement deux milliards et demi de dinars ont été investis dans ces infrastructures, autant dire pas grand-chose comparativement au potentiel intrinsèque. En effet, Bouira ne dispose, en tout et pour tout, que de 10 hôtels pratiquement tous situés en milieu urbain et plus précisément au chef-lieu de la wilaya. Durant leurs travaux, ces experts, notamment les enseignantes universitaires Karima Brahimi et Hayet Ghouilem, ont démontré, dans une étude menée à travers les différents sites touristiques algériens, que la culture du tourisme de loisirs est pratiquement inexistante. "Le touriste, quand il vient en Algérie, s'ennuie, tant les structures de divertissements et de loisirs sont absentes", ont-elles fait remarquer. Ce séminaire qui devra s'étaler sur trois jours, devrait déboucher sur une série de recommandations dans le but de sortir le tourisme algérien de sa léthargie chronique.
RAMDANE BOURAHLA
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