Algérie

Automobile : le crédit est mort, vive l'occaz' !



« J'avais entamé les démarches pour obtenir un véhicule par facilité de paiement, et voilà que les banques ne peuvent plus octroyer des crédits aux particuliers, je suis maintenant obligé de m'acheter une voiture d'occasion », nous déclare Hamid, fonctionnaire, croisé au grand marché des voitures d'occasion de Tidjelabine dans la wilaya de Boumerdès. Chaque jeudi et vendredi, des centaines d'Algériens affluent de partout pour vendre ou acheter une voiture. Le prix de la place par vendeur est de 500 DA. Ce grand bazar de l'automobile, où la légendaire Renault 4 (R4) côtoie la très luxueuse BMW M6, fraîchement débarquée d'Allemagne, était « jadis la bouffée d'oxygène des Algériens moyens », témoigne Boualem, un habitué des lieux. Les prix sont quant à eux, « caniculaires », ironise Hamid. La Peugeot 206 (année 2007) est proposée à la vente pour 620 000 DA, alors qu'à sa sortie de chez le concessionnaire, elle a été vendue à quelque 670 000 DA. Quant à la Clio Campus, une voiture très prisée par les Algériens, son prix avoisine 1 050 000 DA, alors que son prix d'achat chez le concessionnaire était de 1 200 000 DA. Le calcul vite fait, Hamid trouve le prix proposé « exorbitant ». « Je préfère, dans ce cas, l'acheter de chez le concessionnaire directement, ces gens profitent de la nouvelle mesure de Ouyahia pour mettre le ''feu'' dans le marché d'occasion », confie-t-il. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, à la cote dans ce grand marché. Aucune discussion n'est engagée sans que le nom de Ouyahia ne soit évoqué. La dernière loi de finances complémentaire a fait monter les prix d'un cran, de l'avis des personnes que nous avons sondées. « Je suis venu vendre ma Fiat Palio (année 2007), je l'avais acheté à 765 000 DA, je la revends à 650 000 DA », nous déclare Rachid, enseignant à Hussein Dey. « Je fréquente ce souk depuis trois semaines, le dernier client intéressé a proposé l'achat de ma voiture à 550 000 DA. Ce matin, la première proposition que j'ai reçue est de 610 000 DA », nous dit Rachid. Il ne compte pas céder sa voiture à moins de 650 000 DA car de son avis, le marché connaîtra une flambée, comme celle qui a suivi la fameuse loi qui interdisait l'importation des voitures de moins de trois ans. Nous continuons notre visite, il est 7h30, des transactions sont déjà négociées. Direction l'APC. De loin nous apercevons une foule rassemblée autour d'une Maruti. Cette petite voiture, devenue en quelques années le symbole de la classe moyenne algérienne, le rêve du fonctionnaire algérien. Seulement voilà, la voiture des « pauvres » coûte cher ce matin de jeudi à Tidjalabine : son prix est de 500 000 DA. Pour Naïm, jeune fonctionnaire, « la voiture est hors de prix, il ne nous reste plus rien ». Naïm ne désespère pas pour autant, il va, cette fois-ci, « estimer » une Peugeot 205, année 1988, le prix de départ est de 290 000 DA. « Je ne comprends plus rien, cette ferraille est proposée à ce prix-là, c'est un malade mental ! », s'insurge-t-il, devant l'excès de zèle des revendeurs. La grande surprise ne se fait pas attendre, puisque la légendaire R4 est vendue à 200 000 DA. « Fais démarrer ta voiture, on dégage d'ici », demande, nerveusement, Naïm à son copain.


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