Algérie

Automobile : La chasse à la pièce détachée «Taïwan»



Le ministre du Commerce, El-Hachemi Djaaboub, a annoncé samedi des mesures pour moraliser le marché national de la pièce de rechange. Le nouveau dispositif que le ministère compte mettre prochainement en place sonnera en fait le glas du trafic de la pièce détachée, et particulièrement de la contrefaçon, dans cette filière très prisée et très juteuse pour les réseaux de contrebande. Selon M. Djaaboub, ces mesures «seront prises lors d'une rencontre prévue prochainement avec les concessionnaires de l'automobile en Algérie et seront mises en application dans les mois à venir». «La nécessité de la collaboration entre les pouvoirs publics concernés, d'une part, et les concessionnaires algériens avec les sociétés mères basées à l'étranger, d'autre part», est plus que souhaitée, a-t-il ajouté à la presse en marge de sa visite au port d'Alger.

Pour moraliser la profession et lutter contre la contrebande de la pièce détachée contrefaite, le ministère du Commerce prévoit ainsi la mise en place d'une base de données contenant la liste détaillée des usines appartenant aux grands constructeurs automobiles, «ce qui facilitera la tâche de s'assurer de la qualité des pièces importées», a-t-il dit. Dès lors, «tout dossier d'importation de pièces de rechange fabriquées dans un pays non mentionné dans la liste des usines du constructeur sera refusé, et la marchandise déclarée contrefaite», a-t-il affirmé.

Cette mesure, qui devrait être appliquée après un accord avec les concessionnaires automobiles et représentants de firmes étrangères en Algérie pour la mise en place d'un vaste réseau de pièces détachées d'origine, mettra fin autant à l'importation de pièces de rechange contrefaites, qu'à un trafic à grande échelle de la pièce détachée, un marché qui brasse plusieurs centaines de milliards de dinars par an.

La mesure annoncée par le ministère du Commerce est d'importance, car elle permet d'abord de lutter plus efficacement contre la contrebande de la pièce détachée, mais surtout d'interdire l'entrée sur le marché algérien de pièces de rechange de mauvaise qualité, douteuses quant à leur origine et responsables, selon des experts, d'au moins 25% des accidents de la route.

Il est clair que derrière le contrôle strict du marché de la pièce de rechange, des importations de ce produit à forte plus-value, il y a toute la filière d'un vaste trafic qui est visée, ainsi que l'un des vecteurs potentiels de l'accroissement potentiel des sinistres mortels en Algérie. En 2008, il y a eu 40.383 accidents de la circulation, dont seulement 22,82% dus à l'excès de vitesse. Le centre national de prévention et de sécurité routière ne donne pas, par contre, le taux d'accidents de la route dus à la défaillance mécanique.

Un débat sur la qualité des pièces détachées mises sur le marché algérien de la maintenance automobile avait effleuré ce problème, qui serait à l'origine d'une bonne proportion des accidents de la route en Algérie, indépendamment de l'imprudence des conducteurs ou d'autres facteurs explicatifs. Pour autant, lutter contre la contrefaçon qui a envahi, et depuis de nombreuses années, le marché national de la pièce de rechange, implique également de la part des pouvoirs publics une disponibilité permanente et régulière de la pièce détachée d'origine. Car lutter contre les importations de pièces contrefaites et potentiellement dangereuses, nécessite en retour un dégraissage complet du marché national de la maintenance, avec une priorité cardinale : la disponibilité de la pièce de rechange et à des prix accessibles. Car c'est également à ce niveau que le problème se pose : l'accès à la pièce de recherche de rechange à des prix raisonnables. Le ministère du Commerce peut-il garantir cette exigence du marché algérien ? Réponse dans quelques semaines.








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