Algérie

Auto-limogeage


Auto-limogeage
L'auto-limogeage d'Ahmed Ouyahia n'est pas un grand événement politique. Il est juste un fait de plus qui renseigne de l'absence totale d'autonomie des partis politiques qui sont dans la constellation du système algérien. Ahmed Ouyahia en refusant d'engager la bataille et en partant en douceur a, paradoxalement, montré l'extrême brutalité de son renvoi et du système qui l'emploie. Ce qui s'est passé à la tête du RND n'est pas un fait politique. C'est presque une mesure administrative par laquelle l'employeur signifie à son employé qu'il a cessé d'être utile, qu'il doit vider les lieux.
C'est cela le système algérien. Même aux plus zélés des serviteurs, on n'épargne pas les renvois inélégants et les fins en queue de poisson. Sur le fond, l'inélégance et la brutalité font partie de l'ADN du système. La politique, en définitive, même Ahmed Ouyahia, plusieurs fois ministre et chef du gouvernement, n'en faisait pas. Il n'en a jamais fait. Il a exercé du pouvoir qu'on lui a concédé, mais il n'a pas eu une existence politique. C'est ainsi que naissent rapidement des étoiles en Algérie avant qu'elles ne s'étiolent, vite, sans laisser de traces. La politique, elle, réservée à un cercle restreint, les autres ne font qu'exercer des « fonctions » administratives. Au mieux, on les considère comme des « animateurs » chargés de meubler la fausse vie politique nationale.
Il n'y pas de partis politiques entendu au sens de regroupement d'hommes et de femmes qui défendent des valeurs et une vision commune, il n'y a que des appareils et des machines électorales. Sans idées, sans programme et qui peuvent passer, selon le « signal », d'une position à une autre. Il y a, dans l'ombre, des gens qui décident pour ces appareils qui font des élus mais qui ne donnent pas de militants. Peu importe pour ceux qui sont dans l'ombre de savoir, tout le dispositif politique qu'ils mettent en place est sans liens avec le pays réel. La seule chose qu'il « crée » est une clientèle dont la versatilité est sans limite.
Ahmed Ouyahia n'a pas été un homme politique, il a été un exécutant, obéissant jusqu'à l'absurde. Mais contrairement à ce qui s'écrit à son sujet, il n'a pas raté sa sortie. Le système qui l'employait aurait probablement aimé qu'il fasse preuve de « résistance » en assumant, jusqu'à ce qu'on le lui dise clairement, sa part « d'animation ». En jetant l'éponge - qu'il l'ait fait consciemment ou non importe peu -, il a mis fin de manière brusque à la comédie. Comme si un feuilleton qui devait se dérouler sur une vingtaine d'épisodes prenait fin dès le prologue. C'est bien dans le style d'Ouyahia de ne pas trop tarder à appliquer ce qui est exigé. « Ils » veulent de lui qu'il parte, alors il part, sans attendre. Il est tellement dedans qu'il va vite à la conclusion. Il fausse ainsi le scénario.
Tout devient trop brutal pour être de la politique. Cela peut être qualifié de coup de force, de licenciement sans préavis, d'expulsion, mais il est impossible d'appeler cela de la « politique ». En le montrant, de manière volontaire ou malgré lui, Ahmed Ouyahia, le fonctionnaire « politique », n'a pas raté sa sortie.
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