Algérie - Revue de Presse

Autant d’économistes que de remèdes?



Autant d’économistes que de remèdes?Il n’y a pas un seul sujet qui arrive réellement à faire le consensus au sein de la classe politique, y compris au sein de celle dont on dit qu’elle est au pouvoir et qui offre l’image de ses divisions tous azimuts. Il en est ainsi, et davantage, pour ce qui concerne les privatisations qui divisent à la fois nos politiques et nos économistes, dans la mesure où les partisans de celles-ci estiment que c’est le seul moyen de rendre notre économie performante alors que les opposants à cette démarche invoquent les licenciements, la perte de notre souveraineté, l’impossibilité d’une planification de notre développement et la fuite des capitaux, c’est-à-dire que les bénéfices ne seront pas réinvestis et seront transformés en devises qui prendront le chemin de l’étranger. L’autre point de discorde est la convertibilité totale du dinar prônée par le FMI et revendiquée pour la première fois par un économiste algérien et ancien ministre installé à l’étranger, avec la double nationalité. Pour nombre d’économistes et de politiques (dont Ouyahia), la convertibilité du dinar servirait à sortir du pays toutes les devises qui y existent encore. Ceux qui n’y voient pas d’inconvénients s’appuient sur le fait qu’il y a un marché de conversion libre, en plein air, à Alger et dans toutes les villes et villages d’Algérie sans que cela n’entraîne la course vers la conversion. Que des hommes politiques entrent en contradiction non négociable sur le diagnostic de l’économie peut être compréhensible pour l’opinion publique, car ce ne sont pas des spécialistes de l’économie, mais de projets de société qui englobent seulement les aspects stratégiques des modèles économiques. Les politiques, d’ailleurs, qui aspirent à la magistrature suprême, ont des économistes à leur disposition qui peuvent faire le coup de feu à leur place. Par contre, pour l’opinion publique, il n’apparaît pas compréhensible que des économistes, qu’on appelle «docteur», puissent entrer dans de graves contradictions. C’est comme si des médecins établissaient des diagnostics contradictoires sur la maladie d’un même patient, et donc des traitements contradictoires. Faudrait-il assombrir le diagnostic ou l’éclaircir? Les deux options cohabitent dans le champ des analyses économiques effectuées et qui distinguent ceux qui sont au pouvoir ou proches de celui-ci et ceux qui ne sont pas au pouvoir et qui ne sont pas proches de celui-ci. Il en est de même pour les grands choix à faire dans le cadre de la mondialisation. Il y en a qui estiment qu’il faudrait prendre des mesures en urgence pour aller vite s’intégrer dans l’OMC, alors qu’il y en a qui, bien au contraire, estiment que notre pays ne doit pas du tout regarder dans cette direction car, d’une part, nous n’avons rien à placer sur les marchés extérieurs, à part nos hydrocarbures qui n’obéissent pas à la logique commerciale prônée par cette organisation et, d’autre part, la concurrence que nous ne pourrons pas affronter amènera fatalement la faillite de notre appareil de production, le secteur de l’industrie des textiles commençant déjà à s’effondrer.


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