Aujourd'hui à Alger La visite de Sarkozy vue par la presse française

A l'occasion de la première sortie du président français en dehors de l'Europe, le quotidien du soir «Le Monde» a consacré un dossier à l'Algérie et son ambition d'«une puissance régionale». «Avec ses réserves de change en augmentation constante grâce à la hausse du cours des hydrocarbures (90 milliards de dollars fin juin, soit 66 milliards d'euros), l'Algérie est courtisée comme jamais», écrit la journaliste Florence Beaujé. Le prestigieux quotidien français fait remarquer que l'Algérie a fini par retrouver sa place dans le concert des Nations après un long isolement dû à la «décennie du sang» (1992-2000). Toutefois, relève le journal, le statut de leadership régional, recherché par l'Algérie, inquiète nos voisins marocains et libyens. «Le Monde» rappelle les achats d'armes effectués par l'Algérie auprès de la Russie et évoque des commandes futures. Il explique aussi la place des Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme et l'énergie dans notre pays, ainsi que celle de la France qui «ne joue pas encore le même rôle» que les deux autres grandes puissances. «Objet de toutes les convoitises, l'ancienne colonie française se sait promise à un bel avenir», analyse le journal du soir. «Le Monde» revient aussi sur les tensions récurrentes dans les relations politiques entre l'Algérie et le Maroc. «Le conflit du Sahara Occidental fait figure d'abcès de fixation entre le Maroc et l'Algérie», estime le journal qui insiste sur la course aux armements entre les deux pays voisins. «La rivalité se nourrit de différences politiques (une monarchie absolue d'un côté, une république autoritaire de l'autre), d'un contentieux sur le tracé de leur frontière commune et d'une volonté de leadership régional», analyse «Le Monde». Sur la visite, le quotidien français remarque que Nicolas Sarkozy a réservé à l'Algérie sa première sortie en dehors de l'Europe. Au coeur de ce déplacement, la création de l'Union méditerranéenne lancée par le président français, lors de sa campagne présidentielle. Un projet accueilli avec prudence par les Algériens qui ignorent son contenu, estime «Le Monde». D'un autre côté, ajoute le même journal, Alger s'inquiète de la politique du nouveau locataire de l'Elysée en matière d'immigration, de circulation des personnes et de regroupement familial. Les nouvelles restrictions annoncées irritent. «S'il y a un jour un partenariat d'exception, il doit trouver son expression dans sa dimension humaine. C'est fondamental pour nous. C'est même plus important que les autres grands volets de notre coopération, énergétique et scientifique, par exemple», déclare au «Monde», fermement, un proche du Président Bouteflika. De son côté, «Libération» a publié un article sur l'Union méditerranéenne d'Ali Bensaâd, enseignant chercheur au CNRS-Iremam et maître de conférences à l'université de Provence et Jean-Robert Henry. «Elargir l'espace européen vers le Sud serait une vraie utopie refondatrice», estime ce chercheur. En gestation, le projet d'Union méditerranéenne est, toutefois, relégué au second plan dans les préoccupations françaises par rapport aux questions énergétiques qui sont en train de prendre la part du lion dans les relations algéro-françaises. La presse française s'intéresse particulièrement à la coopération énergétique et l'éventuelle alliance entre Gaz de France et la société nationale Sonatrach. «Ce dossier sera au coeur de sa (le président français) visite en Algérie, mardi», affirme «Le Point».