Algérie

Augmentation de l’allocation touristique Quel impact sur le marché noir des devises?



Publié le 08.10.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie
A. MAKTOUR

Thème qui revient de manière quasi cyclique parmi tous ceux qui meublent à longueur d’année les débats en Algérie, la revalorisation de l’allocation devises tient désormais le haut du pavé avec la décision du président de la République de l’augmenter de façon «substantielle».
Evoquée à maintes reprises depuis de nombreuses années, la question de l’allocation touristique et, en parallèle pour les spécialistes des questions économiques, de son impact sur le marché noir des devises, revient donc au-devant de l’actualité nationale. Après l’agrément des bureaux de change mais sans la libération du marché des devises, le moment est ainsi venu pour les autorités du pays de revoir à la hausse le montant de l’allocation en monnaie étrangère à laquelle les Algériens ont droit annuellement. Un droit qui date de la deuxième moitié des années 90, lorsque par le biais d’une note, la Banque d’Algérie avait instauré l’autorisation de change pour les voyageurs algériens se rendant à l’étranger avec l’équivalent de 15 000 dinars en monnaie étrangère pour les adultes et de la moitié pour les enfants. Une autorisation qui venait de remplacer une autre qui, elle, permettait aux Algériens d’échanger des dinars pour l’équivalent de 350 – 400 francs français ou des chèques de voyage de l’époque, dans les années soixante-dix et quatre-vingt. Une autorisation de change, instaurée depuis 1997, pour un montant toujours aussi dérisoire qui a vite fait de donner des ailes au marché parallèle des devises vers lequel les Algériens se tournent depuis, occasionnant à l’économie nationale des effets hautement néfastes puisque, ce n’est un secret pour personne, la restriction dans l’accès à la monnaie étrangère contribue dans une importante mesure, même s’il n’a jamais été possible de la quantifier avec précision, à la bonne santé du marché parallèle des devises en Algérie. L’augmentation du taux de change parallèle, donc la chute du dinar face aux devises, est notamment perceptible à des moments très précis, à l’exemple de la période des vacances, estivales surtout et hivernales dans une moindre mesure, comme on l’a vécu cette année particulièrement avec des taux de change parallèle records, dont le tout dernier atteint il y a quelque jours à peine avec cet impensable taux de 1 euro pour pratiquement 260 dinars. Il faut comprendre que comme toute marchandise, la monnaie obéit à la loi de l’offre et de la demande. Plus la demande est forte, comme lors du rush des vacances qui plus est période durant laquelle des milliers d’Algériens s’en vont à l’étranger pour poursuivre leurs études, plus le prix des monnaies étrangères monte de façon effrénée avant de reprendre la tendance de la baisse à mesure que la fin de l’été s’annonce. Il est également des conjonctures très particulières qui viennent alimenter encore plus la demande en devises, comme c’était le cas jusqu’à la semaine dernière, avec l’autorisation d’importation de véhicules usagés de moins de trois ans, une disposition tombée comme du pain bénit pour ces cambistes d’un genre très particulier qui ont pullulé pendant des années un peu partout à travers le pays.
Il est logiquement acquis que la revalorisation de l’allocation touristique fera baisser la demande, par ricochet les taux de change appliqués au Square et ailleurs, mais encore faudrait-il savoir à combien sera désormais porté le droit au change même si le ‘’substantiel’’ annoncé, dimanche, par le président de la République augure une augmentation intéressante. Il restera alors à trouver des solutions pour, d’une part, «contrer» les fameux porteurs de cabas en tous genres qui alimentent les étals et les marchés improvisés du pays en produits «made in ailleurs» qui contribuent à la bonne santé du marché parallèle des devises, et d’autre part, convaincre les Algériens de l’étranger de faire passer l’argent gagné à la sueur de leur front par le canal officiel. Ce qui n’est assurément pas une sinécure tant que les deux taux continuent à s’entrechoquer.
Azedine Maktour




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