Algérie

Auditorium de la radio nationale : Abderahmane et Malika Bouguermouh à l'honneur



Tel un phénix, le talentueux cinéaste algérien, Abderrahmane Bouguermouh, renaît de ses cendres, après plusieurs années d'oubli. Père cathodique du magnifique film La Colline oubliée, il a eu droit aux honneurs, jeudi dernier, à la Chaîne II. Ils étaient nombreux, cinéastes, hommes de culture, chanteurs et anonymes à l'ovationner à tout rompre. A 74 ans, sorti affaibli par la maladie, Abderrahmane Bouguermouh garde, toutefois, toutes ses dents. Son verbe aussi. « J'étais oublié comme La colline oubliée que j'ai réalisé. Aujourd'hui, je suis heureux », déclare-t-il d'emblée. Et d'ajouter à propos de ses motivations à réaliser un film en langue kabyle : « A l'époque, il était interdit de faire un film en langue kabyle. J'ai persévéré et j'ai dû attendre 20 ans pour voir mon rêve exaucé. » Son rêve est celui de millions d'Algériens, longtemps privés de voir en images et d'entendre leur langue maternelle. « Un poète de l'image », note subtilement Ben Mohamed, poète et parolier. Présente à cet hommage, sa femme Malika Bouguermouh, figure incontournable de la Chaîne II, également honorée pour ses loyaux services, raconte les péripéties de la réalisation de ce film. « Il a abandonné son lit d'hôpital pour aller faire le tournage du film. J'étais inquiète pour sa santé et sa vie, d'autant plus que sa réalisation intervenait durant la décennie noire.Il faisait des pieds et des mains pour ramasser les fonds nécessaires pour la réalisation du film La colline oubliée. » Les personnes, ayant connu ou accompagné ce pionnier du cinéma algérien ont témoigné de la rectitude, du professionnalisme, du talent et de la générosité de « Dda » Abderrahmane. Parmi les invités de renom à cette soirée étoilée, on peut citer Ben Mohamed, Brahim Tayeb, Moussa Heddad, Saïd Hilmi, Nouara, Akli Yahiaten, El Hachemi Assad président du Festival du film amazigh et Khalida Toumi, ministre de la Culture. Il y avait aussi des comédiens ayant pris part à ce film phare. Chacun s'en est allé avec des mots de reconnaissance ou des coups de c'ur. « C'est un des meilleurs réalisateurs. Il nous a défriché le chemin », estime Belkacem Hedjadj, réalisateur du film Machaho et président de l'association des cinéastes algériens. Ali Mouzaoui, également réalisateur soutient : « Homme généreux, Abderrahmane Bouguermouh avait le souci de transmettre le métier. Il a énormément sacrifié pour nous montrer la voie à suivre ». Né en1936 à Ouzellaguen, Abderrahmane Bouguermouh étudie le cinéma à l'Institut des hautes études cinématographiques à Paris. Il entame sa carrière cinématographique par des courts métrages : Comme une âme (1968), Qhardaïa (1967), Le Souf (1967), Jeux universitaires maghrébins (1968), Le 8 Mai 1945 (1968) et Regard de la main (1980). Il réalise aussi un épisode de La Grive, dans L'Enfer a dix ans, co-réalisé par Ghaouti Bendedouche, Sid Ali Mazif, Amar Laskri et Youcef Akika. Il travaille aussi comme assistant réalisateur sur Chronique des années de braise de Mohamed Lakdhar Hamina (1975), et Cri de pierre (1986). Pour le compte de la télévision nationale, il réalise deux longs métrages : Les oiseaux de l'été (1978) et Noir et blanc (1980). Inspiré du roman de Mouloud Mammeri, son dernier opus, La Colline oubliée a été projeté à Tizi Ouzou en 1996. Actuellement, il vient d'achever son roman où sont co-signés ses souvenirs de l'Algérie ainsi que ceux de ses parents. « Il faut rendre un hommage aux anonymes de l'Algérie », dira-t-il, et de conclure à propos de cet hommage : « Depuis longtemps, je ne me suis pas senti utile. Aujourd'hui, j'ai la certitude que j'existe et que j'existerai encore ».


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