Algérie

«Aucune solution en dehors de la Constitution»



Propulsée au-devant de la scène politique, à la faveur de son intervention forte et décisive de la semaine dernière, l'Armée nationale populaire ne conçoit aucune autre solution à la crise en dehors du cadre constitutionnel. L'armée l'a signifié avant la démission de Abdelaziz Bouteflika qu'elle avait précipitée du reste et l'a réitéré encore ce week-end via son organe central, la revue El Djeïch, dans son édition du mois d'avril, parue hier vendredi.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Dans l'éditorial d'El Djeïch, intitulé « La voix du peuple est souveraine », qui exprime le point de vue du Haut Commandement de l'armée et du ministère de la Défense nationale, il est précisé, en effet, que « la position de l'ANP face aux développements que connaît le pays demeure immuable dans la mesure où elle s'inscrit constamment dans le cadre de la légalité constitutionnelle et place les intérêts du peuple algérien au-dessus de toute autre considération , en estimant toujours que la solution de crise ne peut être envisagée qu'à travers l'activation des articles 7, 8 et 102 ».
Exactement comme l'affirmait le patron de l'armée, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah, dans son historique intervention, mardi 2 avril, devant l'ensemble des membres du Haut Commandement militaire et qui avait précipité la démission de Abdelaziz Bouteflika. L'armée estime son intervention légale et justifiée. On lit, à cet effet, dans l'éditorial d'El Djeïch que « la solution préconisant l'application de l'article 102 de la Constitution telle que préconisée par l'ANP est en conformité avec les missions qui lui sont assignées par la Constitution en son article 28, en sa qualité de garante de l'indépendance nationale, de l'intégrité territoriale de la protection du peuple de tout danger et menace ainsi que de par sa fidélité au message de Novembre et au serment qu'elle a prêté de placer l'Algérie et l'intérêt suprême de la patrie au-dessus de toute considération et en droite ligne de sa totale conviction en la capacité du peuple à surmonter toutes les difficultés et épreuves de quelque nature qu'elles soient. La proposition en question comporte une solution inscrite dans la Constitution permettant à l'Algérie de traverser la conjoncture actuelle en toute sécurité et d'éviter ainsi des scenarii aux retombées néfastes ».
Pour l'éditorialiste d'El Djeïch, « cette solution constitutionnelle qui répond pleinement aux revendications légitimes exprimées clairement par le peuple algérien a été favorablement accueillie par lui ». Cependant que, poursuit l'éditorial, « au moment où il est attendu de tous de faire prévaloir l'esprit patriotique, la sincérité, l'abnégation et les intérêts suprêmes du pays, certaines parties mues par des intentions malveillantes et des intérêts étroits, par le biais de man?uvres et de plans préjudiciables aux intérêts suprêmes du pays, tentent de porter atteinte à la crédibilité et à l'image de l'institution militaire afin de faire avorter les revendications légitimes clairement exprimées par le peuple lors des manifestations pacifiques qui ont englobé l'ensemble des wilayas du pays ». Comme Gaïd Salah, la semaine dernière, l'éditorial de la revue du MDN accusera « ces parties », à savoir l'entourage immédiat de Bouteflika mais pas seulement, de mener une véritable campagne contre l'institution. « Ces parties à travers une campagne médiatique concertée et tendancieuse , véhiculant des informations fallacieuses dans les médias conventionnels et les réseaux sociaux visant l'ANP, se sont arrogé le droit de s'exprimer au nom du peuple, en faisant croire que ce dernier refusait l'application de l'article 102, ce qui est loin de la vérité et que dément la réalité ». Il s'agit, clairement là, en tout cas, d'une véritable mise en garde de la part du chef de l'état-major de l'ANP à l'endroit de ce qu'il appelle « cercles occultes », en même temps que sa détermination à ne jamais permettre d'entraver « sa solution », qui ne saurait être qu'exclusivement constitutionnelle.
L'homme, qui est, de fait, le ministre de la Défense tout court, a vu du reste son influence prendre une nouvelle dimension avec le rattachement des services de renseignement, qui viennent de changer de main, au ministère de la Défense nationale.
K. A.


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