Au souvenir et à la pensée du moudjahid Sid Ali Abdelhamid Le militant de toujours

Publié le 11.03.2024 dans le Quotidien l’Expression

Sid Ali Abdelhamid a vu le jour à la casbah d'Alger un lundi 26 décembre 1921 et nous a hélas quittés, le 6 mars 2022 à l'âge d'un siècle et 3 mois.
«Une image vaut mille mots» du monumental et multimillénaire philosophe chinois Confucius, est une lumineuse et judicieuse maxime d'éternité pour perpétuer temporellement cette photographie symbolique d'un legs d'histoire illustré par le livre-mémoire de Sid Ali Abdelhamid, CE QUE J'AI VÉCU, en langues arabe et française qui a rassemblé avec Djamila Boupacha (au centre) affectivement entourée de la jeunesse en un relais générationnel de pérennité pour la mémoire collective, où figurent Riadh le fils cadet de Sid Ali Abdelhamid (3e à partir de la droite) des membres de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah, des proches et sympathisants du doyen moudjahid.

Pour l'évocation de ce militant indépendantiste au long parcours du Mouvement national et de la guerre de libération, l'Association des amis de la rampe Louni Arezki Casbah a, dernièrement en clôture de l'année 2023, initié une rencontre livresque à la librairie du Tiers Monde à l'intention des adeptes du livre et de la lecture dont la devise favorite est superbement rimée par cette belle verve poétique «Lire pour vivre et non vivre pour lire» du célèbre philosophe français Michel Onfray, pour découvrir à travers les lumières de ce support didactique du savoir de l'univers du monde et de son humanité. De chaleureuses et d'émouvantes retrouvailles d'amis, de relations et de sympathisants, en ce mardi 26 décembre 2023, date du 102e anniversaire de la naissance du regretté Sid Ali Abdelhamid, qui a vu le jour à la casbah d'Alger un lundi 26 décembre 1921 et nous a hélas quitté, le 6 mars 2022 à l'âge d'un siècle et 3 mois. Une halte judicieusement évocatrice pour la remémoration d'un évènement marquant qui a eu lieu en ce carrefour de rayonnement culturel du livre que constitue la librairie du Tiers Monde, le 18 janvier 2020 lors de la vente-dédicace de l'oeuvre mémorielle de Sid Ali Abdelhamid à l'âge de 99 ans transcrite avec la collaboration de Hamid Tahri au titre éloquemment révélateur de CE QUE J'AI VÉCU, fortement significatif en témoignage historique du fécond itinéraire de militantisme nationaliste qui fut le sien.

Ceci en présence, de Djamila Boupacha, accourue ce jour-là en incognito à la librairie pour l'achat du livre, qui de ce fait vite reconnue par toute l'assistance attira l'attention de Sid Ali Abdelhamid qui, réjoui par cette agréable surprise l'installa avec une affectueuse considération à ses côtés durant toute la séance de dédicaces.

Ravie et émue par ce geste de distinction à son égard, celle-ci n'a cessé d'exprimer à Sid Ali Abdelhamid sa grande admiration et sa profonde reconnaissance à un aîné qui, selon son expression, incarne un repère de l'histoire dont elle a suivi la voie en école de militantisme indépendantiste de lutte et de résistance pour l'amour et la libération de l'Algérie du joug colonialiste français.

Parcours d'un témoin et acteur

C'est par la résurrection iconographique de ce moment inoubliable intensément vécu happé et immortalisé par une photographie instantanée du souvenir que cette communion collective de la mémoire s'est enclenchée par la fixation de celle-ci dans l'enceinte de la librairie du Tiers Monde implantée en un attractif espace livresque lumineusement éclairé par son accueillante devanture vitrée et ornée de la flamboyante devise, «Lire - Penser - Résister», ainsi harmonieusement intégrée à un environnement culturel d'urbanité, au centre de la place Émir Abdelkader, une des principales artères d'affluence citadine de la capitale.

Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler que la librairie du Tiers Monde est traditionnellement une filiale de la distribution et de la promotion du livre de la maison-mère Casbah Éditions qui, par la dénomination de sa vocation socioprofessionnelle, illustre par la symbolique la toponymie Casbah conçue à dessein d'un renouement et d'un ressourcement patrimonial, culturel, historique et civilisationel avec l'antique El Djezaïr.

À la faveur de cette rencontre de l'évocation et du souvenir, une succincte synthèse centrée sur la vie et le parcours de Sid Ali Abdelhamid a été soutenue par l'auteur de ces modestes lignes qui a mis en exergue l'ardeur, l'abnégation, la persévérance et la sagesse incarnées par ce repère de l'histoire synonyme d'une école de valeurs, de foi, de motivation et de sacrifices du militantisme de radicalité indépendantiste.

Une constante de militantisme et de combat inlassablement menés par Sid Ali Abdelhamid, qui, à cet égard, fut désigné en qualité de membre du Bureau politique du PPA/MTLD parti nationaliste dont l'exclusive et irréversible revendication politique avait pour matrice existentielle l'indépendance et la souveraineté de l'Algérie. C'est dans l'option de cette perspective qu'il a été l'un des premiers membres fondateurs du Comité révolutionnaire d'unité et d'action lors de l'inaugurale assise constitutive de cette instance le 23 mars 1954 à la casbah d'Alger à l'intérieur de la célèbre médersa de langue arabe Errachad située à l'ex- rue Rabin Bloc, actuellement, place Amar Ali, dit Ali la Pointe dont il a également été membre fondateur.

À ce propos, il est important de rappeler que la création de cette médersa Errachad a eu lieu à une période charnière de l'histoire à la casbah d'Alger pour la popularisation et la stimulation de la résistance nationaliste en subterfuge de réplique à la répression de l'administration coloniale française.

Un lieu de mémoire, où est scellée une plaque commémorative de l'historicité de l'évènement dont l'illustration photographique présentée à l'assistance a suscité un centre d'intérêt captivant auprès de celle-ci caractérisée par une écoute attentive et concentrée quant au déroulement d'une étape cruciale et déterminante du déclenchement de l'insurrection de l'éternel 1er Novembre 1954.

Un livre témoin
De par le développement d'historicité de son titre CE QUE J'AI VÉCU, cette oeuvre retrace un parcours jalonné en un itinéraire idéologique d'engagement résolument indépendantiste et patriotique d'exemplarité parachevé au terme d'une longue et noble mission révolutionnaire par une médaille de mérite national au rang de Achir de la patrie reconnaissante décernée au doyen moudjahid Sid Ali Abdelhamid, lors d'une commémoration officielle de la remise de cette distinction honorifique en son domicile par le ministre des Moudjahidine et ayants droit, Laïd Rebiga et le conseiller et représentant du président de la République Abdelhafid Allahoum.

Un livre d'une prodigieuse mémoire pour la perpétuation du souvenir et contre l'oubli tenacement sauvegardé par son ultime publication

Ce livre révélateur d'une tranche de vie combattante de Sid Ali Abdelhamid, CE QUE J'AI VÉCU était également au rendez-vous en joyau du jour de cette émouvante cérémonie de la mémoire de l'histoire en dépit d'une conjoncture très critique pour sa réalisation inhérente à la pandémie de Covid-19, obstinément surmontée pour sa publication par les Éditions Dahlab en un véritable défi impérieusement imposé par l'inexorabilité du temps et de l'âge culminant de l'auteur Centenaire à dessein de la concrétisation de son voeu cher ainsi ultimement exhaussé en legs générationnel pour la jeunesse et les descendances futures du peuple algérien.

Une prouesse salvatrice fidèlement interprétée par l'image parlante de cette évocation de Sid Ali Abdelhamid en séance de dédicaces visiblement heureux et comblé d'être au rendez-vous de la mémoire de l'histoire lors d'une conférence thématique de la présentation de son livre, CE QUE J'AI VÉCU, magistralement animée à la Bibliothèque nationale le 28 décembre 2019 et qui a drainé une nombreuse assistance en auditoire attentif et captivé composé d'un panel de personnalités de référence et d'acteurs de premier plan du Mouvement national et de la Révolution algérienne à l'instar de Yacef Saadi, Ali Haroun, Saïd Chibane, Ahmed Doum pour ne citer que ceux-là et de moudjahidate et moudjahidine compagnons de lutte qui, dans l'allégresse de l'instant, étaient ensemble et nombreux à l'entourer de leurs considération, respect et reconnaissance.

L'hommage du Président
La douloureuse annonce de son décès survenu, le 6 mars 2022 à l'âge de 101 ans a spontanément été suivie d'un poignant message de condoléances adressé par le président de la République Abdelmadjid Tebboune à sa famille, ses proches et ses compagnons et qui, en la circonstance, a tenu à remémorer les épiques étapes de lutte et de combat du regretté doyen moudjahid Sid Ali Abdelhamid pour l'indépendance de l'Algérie.

C'est dans une liesse d'euphorie collective que cette mémorable rencontre s'est clôturée avec une interview de Djamila Boupacha sollicitée par la télévision qui a assuré la couverture médiatique de l'évènement et à laquelle elle a retracé en conclusion une synthèse de l'exemplarité de militantisme, d'engagement, de courage et de sacrifices investis par le doyen moudjahid Sid Ali Abdelhamid pour la libération et l'amour viscéral de l'Algérie.

Une éloge expressivement émouvante qui, en ce sens, traduit les souhaits et les voeux ardemment unanimes des citoyens pour la pérennisation du souvenir et de la mémoire d'un des repères majeurs de l'histoire du Mouvement national et de la guerre de libération.

Ceci à travers la baptisation commémorative d'un lieu public érigé en son nom qui ainsi perpétuera un pan d'histoire fondamental de la révolution algérienne en direction de la postérité, de la jeunesse et des générations montantes.

* Président de l'Association des amis de la rampe Louni Arezki-Casbah
Lounis AIT AOUDIA