Algérie

AU RYTME DE LA CHANSON- RAI '' AICHA '' - Comme si je n'existais pas !?



AU RYTME DE LA CHANSON- RAI  '' AICHA ''  - Comme si je n'existais pas !?
Comme si je n'existais pas



par Kamel Daoud

Comme un remake des années 90, disent certains, mais avec des différences. D'abord, les islamistes ne sont pas armés, mais les émeutiers ne sont pas barbus. Les gens ne meurent pas brutalement par la bombe, mais meurent doucement par le froid ou en glissant sur des pneus, ou en s'en allant par le feu. Ensuite, c'est Abassi-bis qui a un agrément et c'est Ghozali qui ne l'a pas (ô murmure ironique du destin). Ensuite, les routes sont coupées par la neige et pas par les faux-barrages. Et ensuite, les Français négocient pour une usine et pas pour un cercueil ou des otages ou des moines. Mais pour le reste, disent les plus sceptiques, c'est pareil : on va avoir trente-six partis avec trente-neuf fondateurs, plus d'électeurs que d'Algériens et plus de députés que de légitimité. A la fin, disent les plus méchants, on ne va rien avoir : ni une démocratie (trop tôt), ni une dictature (trop tard après le printemps arabe), ni un Etat islamique (trop voyant). Le résultat ? Un populisme dirigé, sous monopole d'Etat. Ou un islamisme contrôlé sous monopole international. Ou une dictature d'ordre sous la règle de la mono-exportation. Cela n'est pas clair ? Oui, autant que l'avenir.



Dans l'ensemble, c'est un triptyque : les Affaires étrangères, les Affaires religieuses, les affaires courantes. Avec trente ministres, deux présidents à vie, quatre partis majeurs et plusieurs millions d'assistés. Dans le cas algérien, Bouazizi a brûlé un pneu, pas lui-même. Sa charrette est désormais financée par l'ANSEJ et les banques. Sidi Bouzid est appelé à voter, à abriter la plus grande usine Renault, la plus haute mosquée d'Afrique, la plus forte chute de neige, le plus fréquent cycle d'émeutes, le plus grand nombre de policiers qui giflent le vent et le plus grand nombre de députés dans le monde arabe. Conclusion des plus tristes ? Il y a comme un train qui a été raté et qui a été remplacé par un manège tournant. Bouazizi est devenu obèse, sa charrette plus lourde, il n'est ni heureux, ni malheureux, il a évité le pire, et le meilleur vend de la banane mais sans poésie et revient chez lui avec quelque chose qui lui manque encore chaque soir : le sens total, le but dans la vie, le destin qui ne glisse pas. Y a rien de changé. On va même voter. Comme un vieux couple, nous et le pouvoir, qui partage un repas froid, un lit séparé, un enfant qui est parti ou un feuilleton dont on connaît la fin.


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