Algérie

Au rythme des effondrements et des relogements : Oran rattrapée par son vieux bâti



Considérée comme la première préoccupation des Oranais, malgré les efforts de l'Etat, les différents programmes d'habitat et les dernières opérations de relogement, la problématique du vieux bâti se pose toujours. Cette grande ville continue de perdre ses anciens immeubles qui ne cessent de se détériorer quand ils ne s'effondrent pas complètement. A Oran, il ne se passe pas un jour sans qu'on entende parler d'un effondrement ou de plusieurs. D'autre part, la dernière opération de relogement de 884 familles sinistrées a été contestée par de nombreuses familles qui n'ont pas bénéficié de cette opération. Des sit-in et autres rassemblements ont eu lieu devant le siège de la wilaya, notamment les 32 familles qui habitent au niveau du lieu-dit « El-Kantera » à l'extrémité du quartier de Bel-Air, ainsi que par les familles de la rue Tipaza, ceci pour attirer de nouveau l'attention des autorités locales sur leurs cas. Le constat est le même dans les quartiers de Bel-Air, St-Eugène, El-Hamri, Sidi El-Houari, Derb, St-Antoine. D'innombrables immeubles menacent ruine. Des familles ont été relogées et d'autres attendent leur tour. « Nous étions dix familles qui occupaient le même immeuble. Le jour du recensement, j'étais absent moi et ma famille, alors mes voisins ont été relogés et moi pas », nous dit un habitant du quartier de St-Antoine. Ce cas n'est pas isolé puisque plusieurs familles ont « subi » le même sort. « Nous espérons bénéficier d'un logement dans le cadre de la deuxième opération », ajoute notre interlocuteur. Interrogé, un responsable de la wilaya nous dira que « nombreux sont les opportunistes qui ont saisi cette occasion pour s'introduire parmi les vrais sinistrés pour bénéficier d'un logement ». Et d'ajouter qu' « aucun logement ne sera attribué sans enquête ». En effet, 844 familles, logeant dans des habitations en ruine, devaient bénéficier de logements sociaux dans le cadre d'un programme d'urgence adopté par les pouvoirs publics au lendemain du séisme qui avait ébranlé, juin dernier, la wilaya. Un premier quota de 300 logements de ce programme a été prélevé de la troisième tranche du programme de résorption de l'habitat précaire qui compte 3.000 unités, destinés aux habitants du quartier des Planteurs. Un autre cas, qui mérite d'être soulevé, est celui de l'immeuble N° 29 à la rue des Frères Belhadj (ex-la Guillotière) à Haï Oussama (Boulanger). Cet immeuble, bien de l'Etat, composé d'un R 1 , abritant 10 familles dont trois membres sont handicapés, risque de s'écrouler à tout moment. Il a été classé par la commission technique (CTC, DUP, wilaya ...) au 2ème degré (orange), nous dira un représentant des locataires. « Cette commission est passée le 30 juin dernier et même si plusieurs parties de l'immeuble se sont effritées, il a été classé au 2ème degré. La situation n'a pas cessé de s'aggraver suite aux dernières intempéries et nous demandons une autre expertise », ajoute-t-il, avant d'exhiber une copie du constat de péril délivré le 2 mars 1986 par la Division de l'hygiène et de la santé publique et le service de la police administrative. Un rapport qui fait état de la vétusté très avancée de l'immeuble, des effondrements, des éclatements et des murs lézardés.

D'autre part, une opération de réhabilitation de 200 immeubles classés vieux bâti pour un montant de près de 700 millions de DA sera lancée prochainement à Oran ciblant des immeubles situés dans différents quartiers de la ville. Cette première opération s'inscrit dans le cadre d'un vaste programme qui vise la rénovation de plus de 1.990 immeubles catalogués vieux bâti par l'Office de promotion et de gestion immobilières (OPGI). Ainsi, 1.855 immeubles gérés par l'OPGI et 402 autres biens privés, classés tous vieux bâti, sont concernés par ces travaux de rénovation. Dans une première étape, la wilaya d'Oran a également bénéficié d'une enveloppe budgétaire de 325 millions de dinars pour lancer une opération de diagnostic de 55.000 habitations. A l'issue du diagnostic, qui se soldera par la réalisation d'une carte SIG, des actions de restauration et de mise en valeur toucheront les constructions considérées comme historiques, ainsi que celles qui ont une valeur architecturale. En outre, pour le quartier Sidi El-Houari, un plan de sauvegarde et de mise en valeur est en voie d'élaboration. Une première action de ravalement de la façade d'un ancien immeuble du quartier historique de Sidi El-Houari, retenu dans le cadre du projet «Archimed», a été effectuée. Cette action pourra être généralisée à l'ensemble des bâtisses de Sidi El-Houari et des quartiers mitoyens pour revitaliser le vieil Oran, à la faveur du dit plan. Deux autres opérations, portant respectivement sur le recensement du patrimoine urbain et la production d'idées d'aménagement par de jeunes architectes, sont en voie de concrétisation.






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