Elle vient d?appeler le Maalem. Il veut bien me recevoir tout de suite si je suis d?accord. Je saute dans un taxi. Dans les 5 minutes, j?arrive enfin devant la secrétaire à qui j?annonce mon nom. Trois femmes déjà dans la salle d?attente. Elle me dit: «Ah, Madame Tousontemps, Monsieur Paletemps vous attend, vous pouvez y aller».Je m?approche de la porte du bureau et, par la vitre, à travers les stores, je me rends compte que 5 personnes sont installées à converser. Je dis à la secrétaire que je ne peux pas entrer car des personnes sont déjà à l?intérieur en rendez-vous. «Oui mais vous, vous êtes attendue par M.». Je ne lui réponds pas. Je retourne dans la salle et m?assieds entre 2 femmes. L?une d?elles me supplie de lui laisser ma place. Je ne comprends pas car, au fait, ces personnes sont là depuis quelques heures. Je ne vois pas pourquoi je prendrais leur place. Elles doivent passer avant moi. C?est la règle de l?ordre d?arrivée. Avec ou pas de RDV. Je pars du principe que si elles ont accédé à la salle d?attente, c?est qu?on leur a laissé entendre qu?elles verraient le Maalem. Elles me racontent qu?hier encore, elles ont dû rebrousser chemin sans avoir pu rencontrer le Maalem. Pourtant, elles ont attendu toute la journée. Faisant juste la pause-déjeuner car le bureau fermait.C?est vrai que cela fait bien devant les collègues d?avoir du monde dans la salle d?attente. Cela donne l?impression qu?on est « occupé ». On est sollicité. On est très important. La gestion des rendez-vous, tout un métier. Toute une histoire. Toute une désorganisation maîtrisée. Tout en mensonge. On paraît. On dit. On n?écoute même pas. On reconduit avec de la poudre aux yeux les solliciteurs. Ces enquiquineurs. Mais néanmoins nécessaires. On veille à toujours être courtois. C?est le métier qui le veut. J?ai compris la mascarade. Elle vient également peupler la salle pleine de rendez-vous.Mieux apprêtée, plus jeune, plus instruite apparemment que les 3 femmes déjà là. Elle représente un risque pour elles de voir leur tour leur passer sous le nez. L?une d?elles la supplie de lui laisser l?opportunité de rentrer voir le fameux M. A peine la porte ouverte, elle s?engouffre dans le bureau. « Haut les mains ! Rendez-vous ! ». Elle ne laisse pas le temps à M. de choisir son prochain convoqué. Une autre la sollicite pour demander la même chose. Elle accède à sa demande. Puis c?est le tour de la 3ème demande. M., dont la tête apparaît à chaque changement de RDV, paraît contrarié. Arrive son tour. A peine assise dans un des fauteuils du salon installé pour recevoir tranquillement les enquiquineurs. Il faut aussi les impressionner, si on prétend ne rien leur octroyer. Ce qui l?intrigue, c?est l?éventail des problèmes exposés par les différentes personnes. Elles n?ont aucun sujet commun à traiter avec M. Cela passe des conditions de logement - à la demande d?emploi - à l?aide pour l?ouverture d?une affaire commerciale - de problèmes culturels, etc.Est-ce à dire que les différents M. se refilent les RDV, monnaie importante sans être rare entre eux, afin de pérenniser leur fonction qui reste de la gestion du rien, des paroles échangées avec une pincée de réconfort « gratuit » et surtout sans engagement ?
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Posté Le : 29/01/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : El-Guellil
Source : www.lequotidien-oran.com