Algérie

Au marché de la peur



Au marché de la peur
La situation politique est telle qu'elle suscite des commentaires à longueur de colonnes de la presse nationale. Il en faut d'autant plus que l'opinion publique nationale est restée privée de toute information sur les tenants et les aboutissants de la prochaine présidentielle, subitement devenue exclusivement une affaire du sérail. Les dizaines de millions d'électeurs algériens qui sont déjà convoqués pour le 17 avril afin d'élire leur prochain Président sont superbement tenus ignorés de ce qui se trame au sommet du pouvoir.Un secrétaire général du plus grand parti aux commandes des différentes institutions de l'Etat qui, tel un chef de parti d'opposition radicale en exil, se lance curieusement à l'assaut du mythique patron des services secrets, Toufik Médiène, dont tout le monde ou presque convient certes qu'il serait le maître incontesté de l'Algérie depuis les 1990. Le FLN de Bouteflika et de Amar Saadani qui se rebelle ainsi contre celui qui aurait permis non seulement de gravir les marches, mais d'emprunter carrément le très rapide ascenseur du pouvoir au mépris des règles du jeu démocratique.Une bien pure surprise, même si les observateurs les plus attentifs de la scène ont depuis plusieurs mois souligné les guerres de tranchées auxquelles se sont livrés épisodiquement ce qu'il est commode de désigner comme les deux clans du régime qu'ils ont façonné et encouragé ensemble. Le duo qui se mue en duel ' En voilà une présidentielle, donc, dont les enjeux ont fini par être réduits à deux éléments (4e mandat et DRS) qui ont nourri chaudement et animé la scène politique durant cette période d'avant-campagne électorale. Les échanges, qui ont pris la forme de diatribes vengeresses sur fond d'interventions multiples de militaires en retraite et de communiqués quoique intempestifs de la présidence de la République, ont comme pu asseoir un climat de «guerre civile» politique dont tout le monde attend l'issue pour s'en expliquer les raisons.Le régime hermétique, opaque et opportuniste par sa qualité, ne laisse rien filtrer à part les messages codés et la sous-traitance de certains acteurs sortis de l'ombre, contraints de prendre parti dans ce jeu réservé aux seuls apparatchiks. Tout s'est passé en fait comme si ce remue-ménage du régime a permis de forger une entente pendant cet intermède de précampagne. Puisque l'annonce du 4e mandat pour Bouteflika est intervenue, du moins en apparence, comme une sorte de trêve «médiatique».Serait-ce réellement le cas, au point qu'il serait question d'évoquer un accord obtenu à l'arraché ' Et auquel cas, lequel surtout ! Car dans le cas contraire, il faudrait s'attendre à des développements qui risquent de resurgir au moment où le président Bouteflika, dont la santé instable nécessité régulièrement des séjours pour des soins dans la capitale française, compte bel et bien se lancer, ainsi que confirmé officiellement par son Premier ministre et la présidence de la République, dans la course à El Mouradia pour un autre mandat de trop. Au nom de quoi ' Du vice du pouvoir, des intérêts bien établis ou de la géopolitique ' Sans doute les trois à la fois, résumés dans un seul mot qui s'appelle «la stabilité», utilisé comme monnaie d'échange au marché de la peur auquel on invite les Algériens.




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