Algérie

Au lieu du changement, un printemps de statu quo et'Au lieu du changement, un printemps de statu quo et' des funérailles sidérantes. des funérailles sidérantes.



Au lieu du changement, un printemps de statu quo et'Au lieu du changement, un printemps de statu quo et' des funérailles sidérantes. des funérailles sidérantes.
Zehira HOUFANI BERFAS
En rentrant pour vivre les élections sur le terrain, je pensais à une campagne qui, à tout le moins, culpabiliserait mon boycott et peut-être donnerait raison à ceux qui nous reprochent de critiquer de l'étranger le pouvoir alors que le peuple algérien jouit de liberté et de bien être. Vraiment' Je me rends plutôt compte que nous ne sommes pas tant dans l'erreur, pas plus de loin que de près. La liberté est plus que restreinte avec les quartiers et les villes quadrillés par les forces de sécurité qui ne tolèrent aucun mouvement citoyen et qui fait avorter toute contestation. Quant au bien être, ni le salaire, ni le coût de la vie, et encore moins l'environnement dégradé, ne le permettent pour la grande partie de la population.
Pour ce qui est du grand rendez-vous du 10 mai, monté à l'échelle du 1er novembre par le discours du pouvoir, il n'aura été qu'une élection banale, entre candidats, partis et gouvernement. En dehors des médias du pouvoir, il n'a entraîné ni foule, ni passion, et surtout pas l'élan patriotique du 1er novembre 1954.
Pendant les semaines de campagne, ma surprise a été grande de voir de nombreux Algériens, les yeux rivés sur les élections françaises, admiratifs de la grande démonstration de la culture démocratique et de la passion populaire qu'elle soulève, dès lors que la citoyenneté est la clé du pouvoir. Les meetings populaires qui ont soulevé les masses, l'animation passionnée des candidats, l'intérêt des citoyens pour des élections dont les résultats dépendent de leur verdict, tout cela fait partie du changement souhaité pour l'Algérie, un changement qui en fin de compte n'a pas eu lieu. Et même plus, avec le FLN qui s'offre la majorité, c'est zitna fi dkikna, finie la récré, la pensée unique est de retour et le changement sera plutôt : continuité.
Aujourd'hui, que le 10 mai est derrière nous, les gouvernants et autres concernés, retournent chacun à ses affaires et les petites gens, à qui on a promis monts et merveilles, renouent avec leurs misères. La vie est horriblement chère et le salaire minimum tout simplement inacceptable, indécent' quand un député s'octroie 30 fois plus et autres avantages. Les promesses n'engagent que ceux qui y croient, dit-on, mais combien ont cédé à l'émotion et cru le président et sa menace de l'OTAN contre l'Algérie' Tout un chacun sait que sans le discours du 8 mai, le taux d'abstention aurait été bien plus important et aurait contraint, peut-être, le régime à plus de concessions à la société civile, sans que pour autant la nation ne soit en danger, bien au contraire. Il n'y a pas mieux que la cohésion d'un peuple et ses gouvernants pour contrer toute menace étrangère.
En fin de compte, au-delà des fraudes décriées, des règlements de comptes et autres transactions, sans oublier la participation tactique, on peut dire que le rendez-vous du 10 n'aura concerné que ses promoteurs et consacré les 2 Algéries, celle du pouvoir et toute sa clientèle (élites et autres prétendants de la haute sphère), et celle du bas, la masse populaire dont on fait usage, comme l'appeler à voter, avant de l'abandonner à l'absurde de son quotidien.
S'il en ait une particularité à cette élection, c'est qu'elle intervient dans un contexte national et international fort contraignant pour le régime. D'abord par la symbolique du cinquantenaire de l'indépendance qui risque de pousser les gens à plus d'indignation et de révoltes pour changer leurs conditions de vie, extrêmement pénibles. Ensuite, du fait du printemps arabe qui a produit un changement indélébile dans les pays voisins et ouvert la voie aux revendications de liberté et de justice dans toute la région. Une aspiration dont les Algériens ont soif et revendiquent depuis si longtemps. En s'abstenant majoritairement lors du dernier scrutin, notamment dans la capitale Alger et autres grandes villes du pays, sans oublier la communauté à l'étranger, ex. plus de 91 % au Canada, ils ont signifié leur rejet de la feuille de route du pouvoir. Autrement dit, cette majorité croit que le changement est indispensable pour que l'Algérie renoue avec le progrès et la prospérité. Ce que le pouvoir ne semble pas comprendre.
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