Algérie

Au Kurdistan irakien, le rêve d'indépendance prend forme


Au Kurdistan irakien, le rêve d'indépendance prend forme
Le rêve prend forme au bout d'une longue attente. Vingt-six ans après avoir gagné son autonomie administrative, le Kurdistan irakien se dirige, doucement mais sûrement, vers l'indépendance. Plus de 3 millions de Kurdes se sont rendus aux urnes lundi dernier et la tendance montre que le «oui» l'emporte largement avec près de 80%.Les Erbiliotes n'ont pas dormi avant-hier soir. Ils sont sortis par milliers pour fêter la victoire annoncée du «oui» dans les rues de la capitale, dansant dans leur accoutrement traditionnel, brûlant des fumigènes multicolores et klaxonnant tout au long d'une nuit qui s'est avérée finalement courte.
D'après un sondage sorti des urnes, plus de 92% de votants ont dit «oui» pour l'indépendance contre seulement 6%. Les résultats définitifs devraient être connus demain. D'ores et déjà, la communauté internationale a, semble-t-il anticipé la victoire du «oui». Washington qui a «regretté la tenue du référendum» a rappelé tout de même que ses relations historiques avec le Kurdistan ne vont pas en souffrir du fait du vote.
«Les relations historiques que nous partageons avec le peuple kurde ne vont pas changer, malgré l'issue du vote», a indiqué un communiqué du département d'Etat.
De leur côté, les observateurs européens, qui ont suivi le déroulement de l'élection, se disent satisfaits. Le «vote s'est déroulé dans de bonnes conditions», a déclaré Franz Obermayr, le chef de la délégation du Parlement européen.
«Chaque électeur avait la liberté d'exprimer son opinion sans pression L'Union européenne (UE) devrait remercier les Peshmergas.» Dans la région, les pays limitrophes du Kurdistan irakien se sont réveillés avec une gueule de bois. Ils étaient convaincus que le président Barzani allait reporter le vote et ouvrir des négociations directes avec Baghdad. Que nenni, le «leader» est allé jusqu'au bout de son «idée», malgré les menaces militaires et économiques qui pèsent sur son pays.
Baghdad ne reconnaîtra pas les résultats du vote
A Baghdad, c'est l'expectative générale. Pris de court, le Parlement irakien a vite voté une loi demandant au Premier ministre d'envoyer l'armée dans certaines régions disputées, comme Kirkouk, ajoutant qu'il (le Parlement) ne reconnaîtra pas les résultats du référendum.
Par ailleurs, toutes les composantes ethniques et religieuses du pays ont condamné la tenue du vote, estimant que «le référendum va générer encore plus de divisions et de ressentiment parmi la population irakienne». La Turquie, qui est le principal partenaire économique du Kurdistan irakien, a fermé ses frontières avec ce dernier et a aussi suspendu jusqu'à nouvel ordre sa liaison aérienne avec Erbil.
Pis que cela, Ankara pourrait intervenir à tout moment militairement, selon les dires du président Erdogan. Ce dernier est farouchement opposé à un Etat kurde à ses frontières, alors qu'il a déjà maille à partir avec les Kurdes de Turquie. L'Iran a également fermé ses liaisons aériennes avec Erbil et renforcé sa présence militaire au niveau des frontières.
Téhéran a déjà déclaré qu'en cas de vote, elle remettrait en cause tous les accords de défense le liant avec Erbil. Alors que le référendum kurde a placé la région du Grand Moyen-Orient sur une nouvelle poudrière, il n'est pas exclu que les pays occidentaux, et en premier lieu les Etats-Unis, cautionnent, après coup, le vote. Ils ont toujours considéré le Kurdistan comme une région stable et les Peshmergas comme une force incontournable dans la lutte contre le terrorisme.
Une fois les résultats annoncés, le président Barzani va tenter d'engager le dialogue avec Baghdad pour voir comment transformer ce désir d'indépendance en réalité. Et c'est à ce moment-là que la situation risque de déraper, car Baghdad ne veut aucunement entendre parler d'indépendance et n'est pas prête à accepter le fait accompli kurde. Les jours à venir seront riches en rebondissements.
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