Au-delà du guichet de l'état civil

Plus qu'une évolution, c'est une révolution qui démarre. Depuis samedi dernier, tous les Algériens peuvent retirer leur extrait de naissance de n'importe quelle commune où ils se trouvent. Le fichier national de l'état civil algérien est non seulement né mais aussi et surtout, il est informatisé. Ce qui n'est pas peu. Au-delà du retrait de l'extrait de naissance, le fichier national numérisé est une matrice à bien d'autres applications. La première qui apparaît est le recensement de la population. Fini le porte-à-porte. Fini les marges d'erreurs. La précision du recensement numérique autorise l'élaboration d'une politique de planification fiable. Ce nouveau fichier pourra être «disséqué» à l'infini. Rapidement pourra être obtenue la répartition de la population par densité, par tranche d'âge, par sexe. Le chiffre statistique des décès sera précis. Celui des naissances aussi. Grâce aux logiciels, des recoupements avec d'autres fichiers deviennent des jeux d'enfant. Par exemple, avec celui de la Cnas, de l'habitat, etc. Alors qu'il était difficile jusque-là d'identifier les Algériens aux revenus précaires ou carrément sans revenus, les multiples applications numériques mettent l'opération à portée de clavier. C'est toute la politique actuelle de subventions des denrées de base, du carburant, de l'électricité, de l'eau qui pourra bénéficier d'une profonde réforme. Pour une meilleure gestion des dépenses publiques. Autre exemple, la transcription en temps réel sur le registre de la commune de naissance des décès, des mariages, des divorces, qui ont lieu dans n'importe quelle commune du pays. Et même à l'étranger avec la connexion de nos consulats. Fini le courrier du facteur et ses aléas qui ne sont pas rares. Il sera possible également de mettre en place une meilleure gestion des importations. En fonction des besoins. Pour une meilleure appréciation des projets d'investissements industriels notamment. Leur adéquation avec la véritable demande intérieure. Une meilleure estimation de la partie projetée à l'export et ainsi «calibrer» avec précision l'importation de la matière première nécessaire. C'est une révolution que cette informatisation de l'état civil. Les autres données qui peuvent y être intégrées sont multiples. Les premiers bienfaits qui se feront sentir sans tarder, c'est d'abord et avant tout, dans la lutte contre la bureaucratie. Contre les trafics en tous genres et notamment les usurpations d'identité. Il est impossible d'énumérer, ici, tous les avantages qu'offre cette numérisation. L'on se devait cependant de relever l'aspect révolutionnaire du fichier national de l'état civil. Un tel événement ne se mesure pas seulement à la réduction du temps passé au guichet comme cela est présenté. Avec ce nouvel outil, l'Algérie peut prétendre au même statut que les pays développés. Ces pays qui possèdent déjà la carte d'identité sécurisée. Ces pays qui, en un seul clic, accèdent à des informations qui, chez nous, exigeaient des jours, des semaines ou même des mois. Il est trop tôt pour en voir tous les bénéfices. Il faudra des ajustements, des corrections, comme dans toute opération nouvelle de ce genre. D'étape en étape, les applications apparaîtront. D'étape en étape aussi, les tentacules de la bureaucratie disparaîtront. Il n'est plus loin le moment où comme dans les pays développés, les Algériens pourront retirer des documents administratifs les concernant à partir de chez eux. A partir de leur computeur. Maintenant que le fichier numérique de l'état civil est fonctionnel et que toutes les communes du pays sont connectées, nous avons cette matrice qui donnera naissance à tous les autres programmes de ce qu'on appelle la e-administration. On comprend la promesse d'allègement des procédures faites, bien avant, par le Premier ministre. La communication du gouvernement est bien modeste!