Algérie

AU-delà du FOLKLORE...



A Ahl El Ksar on s'apprête à fêter l'évènement comme il se doitLes associations nées autour du combat identitaire préfèrent convertir cette occasion en journée du savoir avec des conférences-débats.
La célébration de Yennayer ne semble pas faire l'unanimité. Parce que les politiques s'y sont mêlés, bon nombre de citoyens questionnés y voient une énième récupération. «Yennayer journée payée et chômée n'est pas une offrande ou un quelconque cadeau des décideurs.» Le 12 janvier prochain sera un vendredi. Depuis la promulgation du vendredi-samedi en remplacement du samedi-dimanche comme journée de repos de fin de semaine, les Algériens ne travaillent pas. Même si la célébration reste une étape incontournable dans la lutte pour l'amazighité de l'Algérie, on y voit un danger et la crainte de catalyser tout, dans un grandiose folklore qui aboutira au sort des Indiens d'Amérique devenu par les effets pervers d'une politique «des espèces à contempler dans les réserves».
Chaque région et localité a ses rites et ses habitudes liées à des croyances et mythes fondateurs de Yennayer. Historiquement, la célébration de Yennayer a commencé quelques années après l'indépendance de l'Algérie, plus précisément vers 1968, quand un groupe d'artistes et d'intellectuels et journalistes, a proposé de se référer à une «ère berbère», tout comme il y a une ère chrétienne et une islamique. Même si quelquefois, certains ont tenté de la focaliser sur une région en l'étiquetant d'être un rempart à l'islam, elle est fêtée partout. Elle est célébrée à l'est comme à l'ouest, au nord comme au sud. Selon les historiens, le calendrier berbère ou agraire a commencé en 950 av. J.-C., il coïncide avec l'arrivée du pharaon berbère Shashnak 1er, fondateur de la première dynastie berbère d'Egypte.
La wilaya de Bouira avec sa composante multilinguistique fait la fête, différemment d'une région à une autre. Depuis maintenant une semaine, les populations de la wilaya, à l'instar de leurs semblables à travers le pays et de toutes les communautés berbères du Maghreb (connues dans l'Antiquité sous les noms de Libyens, Maures, Gétules, Garamantes ou encore Numides) se sont préparées à accueillir le Nouvel An berbère. Pour ne pas figer la date dans un folklore excessif, les organisateurs ont essayé de diversifier les activités, mais en tentant de rester dans le segment traditionnel avec sa portée civilisationnelle. Ainsi à Tassala et en attendant le 12 janvier où est prévu une grande fête, l'association locale a érigé des stands voués à l'artisanat, à la couture, et aux arts culinaires.
La région de Ahl El Ksar de son côté se prépare à accueillir la nouvelle année berbère dans l'enthousiasme avec plusieurs manifestations à caractère culturel, historique et commémoratif. Parce que Yennayer reste d'abord le début d'une année agricole, Ahl El Ksar, Ath Yala, Imchadallen, Ath Aissi, Iyakourène, Ikarvouziane, Ath Halouane, Ath Laâziz...pour ne citer que ces authentiques Amazighs perpétuent les traditions de leurs ancêtres et essayent de rester fidèles à l'esprit de cette journée.
Les associations nées autour du combat identitaire préfèrent convertir cette occasion en journée du savoir avec des conférences-débats. C'est précisément le cas à Ahl El Ksar, où l'association Thagrala projette d'organiser des conférences-débats autour de Yennayer, lesquelles rencontres seront animées par le professeur Hamid Bouhbib, maître de conférences à l'université d'Alger et le militant de la cause identitaire Djamel Zenati.
Loin du vacarme et du tintamarre des célébrations officielles, les «petites gens» continuent à perpétuer des us et coutumes. Pour la circonstance, les comités de plusieurs villages s'attellent à faire des quêtes pour acquérir des bovins qui seront sacrifiés la veille et répartis équitablement entre les habitants. Cette action désignée par «thimechraht» n'est pas un rituel spécifique au Nouvel An, mais reste une manière d'affermir les liens entre les villageois et consolider les relations que le sédentarisme tend à effacer. S'agissant des caractéristiques de la journée, les familles préparent un grand dîner «Imansi n Yennayer».
Le couscous est préparé avec une sauce à base de légumes secs. Pour l'accompagnement, certains préfèrent le coq qui symbolise la naissance de la lumière (le lever du jour), d'autres la poule et ses oeufs qui incarnent la fécondité et par conséquent l'abondance. Les femmes servent aux enfants, le matin du 12 janvier (Tasebhit n Yennayer) «Uftiyen» ou «Isrecmen», un mélange de céréales entières. Selon les moyens, on complète le plat par un mélange de fruits secs (Inighmen) servis en abondance aux présents. La tradition exige que l'on ne vide pas les plats, ce qui signifie que l'on ne doit pas avoir faim. L'occasion est saisie pour réunir la grande famille «Adhroum» autour de ce plat. La rencontre permet aussi de dissiper les malentendus, de régler les conflits.


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