Algérie

Au-delà de la «boulitik»



Elles étaient là. En hidjabs noirs ou colorés, en jeans et sweat-shirts, en robes ordinaires ou d'avocates, cheveux en bataille ou strictement bandés, maquillées ou non, coquettes ou pas, pauvrement vêtues ou élégantes, lycéennes, étudiantes, mères au foyer, standardistes, cadres marketing, journalistes, enseignantes, infirmières, architectes, femmes de ménage, plus ou moins âgées, diverses, courageuses, toutes belles de leur présence, non seulement acceptée, mais encouragée et respectée par leurs mâles compatriotes dans ce qui pourrait àªtre la Nahdha démocratique du monde arabe. Elles étaient là et le sont encore, dans ces espaces où, d'ordinaire, elles rasent les murs, se pressent à  l'approche du maghreb, se ramassent sur elles-mêmes, s'effacent, humains caméléonisés... Elles étaient là et le sont toujours, embellissant les urbanismes souvent délétères du monde arabe, confirmant cette pensée d'Ibn Arabi pour lequel «tout lieu privé de féminité est voué à  la décrépitude». Cette entrée historique des femmes arabes, bien que contrastée, est l'un des effets majeurs de ce mouvement. A trois jours du 8 mars, il fallait le signaler. Un autre effet majeur réside dans le bouleversement de la vision du monde arabe par l'Occident, mais aussi par ceux des Arabes qui, hélas, la partagent. Vision qui remonte à  la fin du Moyen-Âge européen, où, dans l'esprit des bonnes gens, grouillaient des Sarrasins barbares, des Turcs sanguinaires, des Corsaires algérois impitoyables. Au point où l'on en menaçait les enfants indisciplinés. Au point où le mot «assassin» est né des Hachachines, création linguistique, devenu mentale, et que même l'exemple de leur représentant actuel, l'Agha Khan, vedette pourtant adulée des revues people aristocratiques, n'a pu contrebalancer. Bien sûr, les ancêtres des Arabes et des musulmans n'étaient pas tous des enfants de chœur. Mais sur le double décimètre de l'horreur historique, ils n'étaient pas plus terribles, et sans doute moins que ceux des Européens. Mais, bon, honni soit qui mal y pense… Entre cela et le fait de croire ou d'envisager que derrière tout Arabe se cache un terroriste en puissance, au mieux un àªtre borné, c'est ignorer qu'un peut-être peut vite muer en certitude. Après les Croisades vinrent les conquêtes coloniales, aux violences réelles doublées d'une violence durable, celle de l'orientalisme, «magnificateur» et mystificateur, et qui a trouvé dans les médias modernes des prolongements pernicieux aux rares exceptions. Là, sous nos yeux, une des plus grandes entreprises d'intox de l'histoire se fissure en attendant qu'explose un jour son pare-brise idéologique et médiatique. Voilà donc que l'on découvre que ces «masses arabes» ne sont pas congénitalement réfractaires à  la démocratie ni biologiquement violentes, mais capables de porter des idéaux humains qui ne sont pas le propre de l'Occident. Elémentaire, mon cher Aristote, car si ces idéaux lui appartenaient, ils ne seraient plus humains.


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