Algérie

Au-delà de l'affaire ENTV - Al-Jazeera


Au-delà de l'affaire ENTV - Al-Jazeera
On n'en sort pas tout à fait, ce jeudi ouvrable, mais isolé entre deux jours de fête religieuse et deux jours de week-end, ayant vocation à faire jour de "pont". C'est bon pour le moral, cette abondance alimentaire et l'inactivité prolongée qui donne le temps de l'ingurgiter et de la digérer.Et peut-être aider à digérer la défaite de Ouagadougou. Pourtant, nos responsables ont tout essayé : une équipe patiemment montée en battant le rappel de tout ce qui est algérien dans tous les championnats de football du monde et un entraîneur enfin méthodique. Mais l'Algérie n'a pas battu le Burkina Faso en match aller des barrages comptant pour la Coupe du monde. Faute d'exploit sportif à célébrer, nos autorités ont transféré l'expression de notre nationalisme contrarié vers une cause de rechange : le bras de fer ENTV-Al-Jazeera.
Et là, paraît-il, nous avons gagné : l'Unique aura retransmis la rencontre et Al-Jazeera n'aura pas son bureau à Alger. Le reste est une question... d'argent, nous dit-on.
D'ailleurs, ce "j'assume" bravache semble avoir acquis un sens particulier dans le discours des responsables. Rendue célèbre par une réplique émise par un témoin au procès Khalifa, la formule exprime tacitement le fait que l'auteur de l'acte aussi coûteux et que douteux est, pour la circonstance, assuré d'un privilège d'immunité.
Non, le geste est assumé par son auteur politique collectif. Qui nous fait croire qu'il sert par là, une cause nationale, celle du pauvre Algérien qui n'a pas de parabole. C'est le message que le pouvoir finance, pas la mise à disposition des images du match. Et l'Algérien, parabolé ou pas, devrait s'en rappeler. Même si c'est avec son argent qu'on lui offre ce "cadeau".
à propos de ce chantage d'Al-Jazeera, pourquoi notre ami l'émir, qui bénéficie de nos fraternelles largesses foncières, ne nous délivre-t-il pas de l'inimitié agressive de sa télévision ' Pour le reste, Al-Jazeera ne fait qu'exploiter "le sport système" en général et le système Fifa en particulier, fondés sur une conception affairiste du sport de compétition mondialisée.
Pourtant, et paradoxalement, c'est le modèle qatari de communication parapublique qui, en matière de médias, inspire le régime algérien. En permettant à des titres et à des chaînes, parfois sans existence légale, de s'abreuver à la rente et de se délivrer des règles en matière de propriété d'image, de son et de texte, il croit avoir trouvé le moyen de dépasser l'inefficience du monopole télévisuel d'état, résidu d'une conception stalinienne de l'information qui ne survit plus qu'en de rares autocraties.
Le problème, pour le régime, est que le modèle qatari ne peut pas être reproduit en Algérie. Ici, la revendication démocratique et la demande sociale pour une presse libre sont une réalité. Il ne peut pas assumer franchement la solution qatarie. Il doit se contenter d'une presse clandestinement parapublique, clandestinement soutenue et qui le soutient clandestinement.
Ce genre de scandaleux ratages communicationnels viennent du fait que la culture autoritaire du régime est inadaptée à un monde devenu un vaste marché du signe où le produit communicationnel circule librement. Il n'est pas bon de faire assumer à des Algériens volontairement maintenus dans le sous-développement informationnel les combats d'arrière-garde du régime.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
Nom
Adresse email
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)