Au défunt militant et moudjahid Mohamed Saïd Mazouzi

Témoin de l'Histoire contemporaine de l'Algérie combattante et de l'Algérie libre. Il se distinguait par son légendaire courage, sa sagesse et sa lucidité.Le monde du travail est profondément touché en ce mardi 5 avril 2016 par la disparition de Si Mohamed Saïd Mazouzi, ce témoin de l'Histoire contemporaine de l'Algérie combattante et de l'Algérie libre. Il se distinguait par son légendaire courage, sa sagesse et sa lucidité. Jeune lycéen, il se singularise par son caractère rebelle à l'ordre colonial; sa prédisposition à l'organisation le place de plain-pied dans le Mouvement national à la tête d'une cellule du Parti du peuple algérien (PPA). Accusé d'un acte subversif et de complicité dans l'élimination physique d'un supplétif du colonialisme, il sera condamné à perpétuité: il fera à ce titre les prisons de France et de Navarre selon l'expression consacrée. Cette galère pénitentiaire, ne l'empêchera pas, pourtant, d'ourdir ses armes auprès de ses frères et dont le seul objectif clairement affiché n'était autre que l'émancipation nationale pour mettre définitivement fin à leur statut inique et réducteur de colonisés. Le monde d'alors, vivait encore les soubresauts guerriers des deux conflits mondiaux. Les peuples colonisés qui ont participé à se libérer de leur propre colonisateur, aspiraient légitimement à ce qui s'écrit par des lettres de sang: la liberté. Si Mohamed Saïd faisait partie de cette génération de jeunes Algériens qui se nourrissaient, paradoxalement, des valeurs universelles introduites par la Révolution française de 1789 et dont ils firent leur propre plaidoyer devant les tribunaux d'exception. Après 17 ans de détention, il sera libéré au lendemain des Accords d'Evian qui mettaient, ainsi fin, à plus de sept années de conflit armé.La déchirure incommensurable subie par tout un peuple, pendant plus d'un siècle de spoliations, de privations et de dénis multiples mobilisera ces hommes d'exception dont fait partie cet homme pour se consacrer à repanser les plaies toujours ouvertes du corps social meurtri. Tout était à faire dans le pays exsangue. Si Mohand Saïd, en homme de conviction et de coeur, optera pour une structure de base qu'aura été la Fédération du FLN afin de ressentir les pulsions d'une population qui reprend goût à une vie digne et apaisée. Nommé wali, il ne cessera pas d'être au plus près des populations. A la tête du ministère du Travail et des Affaires sociales, son passage qui durera une décennie entière, aura marqué durablement le département.Celui-ci se confond jusqu'à l'heure avec celui de l'illustre disparu, il aura eu le mérite d'avoir renforcé la protection sociale du monde du travail par la réorganisation des Caisses d'assurances sociales, de retraite et de l'Office national de médecine du travail. Il introduira les loisirs par le sport et la culture en direction des travailleurs dont une multitude d'entre eux était considérée comme des bêtes de somme par les exploitants coloniaux. Au crépuscule de sa vie qui aura duré plus de quatre-vingt-dix ans, ce sphinx a laissé derrière lui des Mémoires d'une valeur inestimable. Nous retiendrons, quant à nous, cette affirmation contenue dans l'ouvrage flamboyant de 430 pages qui déroule la vie de ce grand militant: «La dernière mission de ma génération est de dire aux jeunes d'aujourd'hui ce que nous avons vécu. Simplement. Il ne s agit pas de nos petites histoires individuelles, somme toute sans importance, mais ce que ce peuple a subi, de ce qu'il a sacrifié et enduré pour que l'Algérie continue à exister. La suite, c'est à eux de la faire, c'est à eux de l'écrire.A chaque génération sa Révolution ou son oeuvre. Ses défis à relever...» En cette douloureuse circonstance, la Direction nationale de l'Ugta, présente à la famille du défunt ses sincères condoléances et prie Dieu le Tout-Puissant de l'accueillir en Son Vaste Paradis et de l'entourer de Sa Sainte Miséricorde.