Algérie

Au creux de la vague des manifestations pro-Morsi, l'économie égyptienne dans un trou noir



Au creux de la vague des manifestations pro-Morsi, l'économie égyptienne dans un trou noir
L'économie égyptienne est au creux de la vague des manifestations pro-Morsi réprimées par les forces de sécurité, 45 jours après la destitution par l'armée du premier président élu démocratiquement en Egypte.Dimanche, la situation était confuse au Caire et dans les principales villes du pays, alors que le bilan provisoire des violents affrontements depuis mercredi dernier serait de plus de 750 morts.
Une situation précaire qui a encore alourdit le climat économique local où les grands groupes industriels et les investisseurs à la bourse du Caire sont en train de quitter le pays et vendent à tour de bras.
Le constructeur automobile américain General Motors a annoncé l'arrêt de son usine en Egypte et la suspension de son bureau au Caire, alors que le géant suédois de l'électroménager grand public Electrolux a confirmé avoir suspendu la production dans ses usines dans le pays où il emploie plus de 6.000 travailleurs.
Le cimentier français Lafarge dit quant à lui suivre la situation attentivement .
Pour autant, aucune mesure exceptionnelle n'a été prise par les autorités de la bourse et des valeurs mobilières de la place financière du Caire par rapport à la situation qui prévaut sur le front politique, a indiqué samedi Fethi Sami, en charge de l'autorité publique de surveillance des valeurs mobilières à la bourse du Caire.
Selon les mêmes sources citées par l'agence de presse égyptienne Mena, des mesures exceptionnelles (pour la fermeture de la bourse) ne seront prises que dans des cas extrêmes et pour une durée limitée dans le temps .
La bourse du Caire a ouvert dimanche en nette baisse, perdant 2,48%. L'impasse politique, l'escalade de la violence, le nombre préoccupant de morts par balles parmi les partisans du président déchu Mohamed Morsi et les gros nuages qui s'amoncellent sur l'économie du pays, commencent à déprimer la bourse Cairote et fait fuir les investisseurs étrangers (arabes et non arabes).
Premiers effets de la détérioration de la situation sécuritaire : le temps de cotation a été ramené à trois heures seulement par jour à la bourse du Caire.
Les événements actuels dans le pays et le couvre feu (19 heures) nous obligent à réduire le temps des séances de cotation à la bourse du Caire pour que les opérateurs, investisseurs et travailleurs de la place puissent rejoindre leurs domiciles , indique un communiqué de l'autorité publique de surveillance des valeurs mobilières à la bourse du Caire.
La Banque centrale d'Egypte a annoncé de son côté jeudi que les horaires de travail dans les banques du pays ont été ramenés de 9 heures à 12 heures seulement.
Sur le marché financiers, la situation est dans le rouge, les indices boursiers ayant terminé la séance de mercredi dernier, qui a coïncidé avec l'assaut des forces de sécurité contre le camp des pro-Morsi avec un bilan de plus de 500 morts, en nette baisse.
En fin de semaine, l'indice vedette de la bourse du Caire l'EGX 30 (où sont cotées les grandes valeurs comme celle d'Orascom Holding Telecoms) a reculé de 1,2% à 5459,1 points, perdant 3,9 milliards de livres égyptiennes contre 364,4 millions de livres égyptiennes une semaine auparavant, selon un rapport de la bourse.
La baisse de l'EGX30 est expliquée par le même rapport par la réduction du temps de cotations passé à quatre jours la semaine dernière avec la fermeture jeudi des banques de la place au lendemain du démantèlement des deux camps des pro-Morsi au Caire, qui s'était soldé par plus de 650 morts.
En fin de semaine, l'EGX 70, qui correspond aux cotations des PME, a reculé de 0,56% à 429,02 points, alors que l'EGX100, correspondant aux valeurs élargies, a reculé de 0,77% à 737,83 points.
Fuite des investisseurs étrangers
Signe de cette franche déprime financière sur fond d'incertitudes politiques, les investisseurs étrangers non arabes à la bourse du Caire ont cédé à tour de bras leurs actions au cours de la semaine dernière pour une valeur de 88,15 millions de livres égyptiennes (LE, 20,09% du volume global des ventes d'actions la semaine dernière), suivis des investisseurs arabes qui, eux, ont vendu pour 2,82 millions de LE, soit 2,825% des ventes à la bourse du Caire.
Depuis le début de l'année, les ventes d'actions des investisseurs non arabes à la bourse du Caire ont atteint 1,077 milliard de LE (0,143 dollar) contre 357,09 millions de LE pour les investisseurs arabes.
Une situation de sauve qui peut caractérise le marché boursier du Caire, pratiquement 45 jours après avoir enregistré un rebond de 6,4% l'EGX ayant atteint le seuil psychologique des 5288, au lendemain de la destitution par l'armée du président Morsi.
Au plus mal depuis la chute du régime Moubarak, l'économie égyptienne souffre beaucoup du départ des groupes industriels étrangers, du tarissement des investissements institutionnels et étrangers, du coup d'arrêt au tourisme, principale source de devises du pays, de la baisse des rendements de l'agriculture et un énorme déficit budgétaire.
Selon le ministère égyptien des finances, le déficit du budget général de l'Egypte a dépassé les 29 milliards de dollars (11,8 % du PIB) sur les 11 derniers mois.
Le déficit budgétaire total a augmenté entre juillet 2012 et mai 2013 pour atteindre 204,9 milliards de livres égyptiennes (environ 29,24 milliards de dollars) contre 136,5 milliards de livres égyptiennes (19,48 milliards de dollars) sur la même période l'année passée , précise un rapport du ministère des Finances.
Et, pour compliquer davantage les choses pour le gouvernement de transition, le stock global de la dette étrangère de l'Egypte a atteint en mai dernier 38,6 milliards de dollars, en hausse de 15,6%.
Suffisant pour que le Fonds monétaire international (FMI) tance les autorités financières égyptiennes, appelant à une rapide réduction du déficit budgétaire et des réformes urgentes pour redresser l'économie locale.
(Par Mahdi Boukhalfa)


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