Au crépuscule de la grandeur

L'un des derniers historiques tire sa révérence. Le défunt Hocine Aït Ahmed aura marqué l'histoire de son pays par un irrédentisme politique qui lui aura valu un exil, au début salvateur, ensuite volontaire, jusqu'à la mort. Le leader du parti du Front des forces socialistes n'a pas de références révolutionnaires banales ; il est l'un des pères fondateurs de la révolution qui a permis au peuple algérien de s'émanciper du joug colonial.Il a même été l'un des théoriciens et l'un des idéologues de la lutte armée à laquelle il s'est voué jusqu'à l'indépendance. L'alternative politique que son parti incarnera au sein de l'opposition, le refus, maintes fois réitéré de composer avec les partis au pouvoir, l'intransigeante propension à appeler «le véritable pouvoir» à gouverner dans la transparence et des positions d'outsider vis-à-vis du jeu politique en Algérie ont maintenu le plus vieux parti d'opposition dans des retranchements de marge. Rien n'y faisait, le FFS faisait corps avec son leader, Hocine Aït Ahmed, à telle enseigne que bien peu pariaient sur la survie de ce parti dans l'après- Da L'ho. Cela se serait avéré aujourd'hui n'était la distanciation qui s'est opérée, ces dernières années, entre le vieux chef charismatique et son parti. Aït Ahmed, en fait, reconnaissait, au fur et à mesure que le président Bouteflika retouchait les structures institutionnelles de l'Etat, les ambitions que portait son intransigeant oppositionnisme. D'aucuns disent que ce que le président Bouteflika est en train de faire en choisissant d'être à l'intérieur, le défunt Aït Ahmed voulait le provoquer en acculant le pouvoir de l'extérieur. Tous reconnaissent, cependant, à Da L'ho le mérite d'avoir été, dans tous les instants et en dépit de son exil suisse, profondément algérien, et «algériennement» grand. Paix à ton âme, Da L'ho.