Résumé de la 3e partie - Tous les personnages sortis du cadre avaient les yeux fixés sur la pendule. A minuit, une voix annonce l'ouverture du bal...Le vent qui s'engouffrait par-dessous les gonflait prodigieusement, de sorte qu'elles avaient l'air de cloches en branle.
L'archet des virtuoses passait si rapidement sur les cordes, qu'il en jaillissait des étincelles électriques.
Les doigts des flûteurs se haussaient et se baissaient comme s'ils eussent été de vif-argent ; les joues des piqueurs étaient enflées comme des ballons, et tout cela formait un déluge de notes et de trilles si pressés et de gammes ascendantes et descendantes si entortillées, si inconcevables, que les démons eux-mêmes n'auraient pu, deux minutes, suivre une pareille mesure.
Aussi, c'était pitié de voir tous les efforts de ces danseurs pour rattraper la cadence. Ils sautaient, cabriolaient, faisaient des ronds de jambe, des jetés battus et des entrechats de trois pieds de haut, tant que la sueur, leur coulant du front sur les yeux, leur emportait les mouches et le fard. Mais ils avaient beau faire, l'orchestre les devançait toujours de trois ou quatre notes.
La pendule sonna une heure ; ils s'arrêtèrent. Je vis quelque chose qui m'avait échappé : une femme qui ne dansait pas.
Elle était assise dans une bergère au coin de la cheminée, et ne paraissait pas, le moins du monde, prendre part à ce qui se passait autour d'elle.
Jamais, même en rêve, rien d'aussi parfait ne s'était présenté à mes yeux, une peau d'une blancheur éblouissante, des cheveux d'un blond cendré, de longs cils et des prunelles bleues, si claires et si transparentes, que je voyais son âme à travers aussi distinctement qu'un caillou au fond d'un ruisseau.
Et je sentis que, si jamais il m'arrivait d'aimer quelqu'un, ce serait elle. Je me précipitai hors du lit, d'où jusque-là je n'avais pu bouger, et je me dirigeai vers elle, conduit par quelque chose qui agissait en moi sans que je pusse m'en rendre compte ; et je me trouvai à ses genoux, une de ses mains dans les miennes, causant avec elle comme si je l'eusse connue depuis vingt ans.
Mais, par un prodige bien étrange, tout en lui parlant, je marquais d'une oscillation de tête la musique qui n'avait pas cessé de jouer ; et, quoique je fusse au comble du bonheur d'entretenir une aussi belle personne, les pieds me brûlaient de danser avec elle. (A suivre...)
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Posté Le : 28/07/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Conte
Source : www.infosoir.com