Algérie

Au coin de la cheminée


Un rêve étrange avait réveillé Douce Fleur, cette nuit. Un de ces rêves que l'on ne peut chasser.Elle s'était éveillée, la gorge serrée, le c?ur lourd. Voilà bien des lunes que son désir de bercer un enfant la tourmentait mais il semblait inaccessible, son ventre était comme un fruit desséché. Elle s'était vue en songe, désespérée devant une couche vide, inondant de ses larmes ses beaux vêtements de mariage. Quand elle eut confié ses craintes au shaman, son visage soucieux fut son unique réponse. Douce Fleur comprit que jamais elle ne serait mère, jamais elle ne serait une vraie femme !
Poussée par le désespoir et la honte, elle s'enfuit à cheval, le plus loin possible du campement.
Elle erra ainsi longtemps, au hasard, sans prêter attention au paysage rougeoyant qu'elle traversait. C'était la saison où les érables se parent de pourpre et flambent, sous un ciel pur.
Puis, le corps meurtri par sa longue chevauchée, elle s'arrêta enfin, près d'un lac. Elle attacha son cheval à un arbre et prit la décision de se reposer un peu.
Quel serait son avenir, à présent '
Elle l'ignorait.
C'est à cet instant, dans ce lieu de paix, qu'elle se souvint des traditions ancestrales.
Autrefois, les femmes partaient quatre soleils et quatre nuits, dans la forêt pour créer des liens avec la nature, avant de donner naissance à leur enfant.
Elle se sentit alors plus calme. Elle devait se laisser guider par l'intuition de toutes ces femmes qui l'avaient précédée, mettre ses pas dans les leurs avec confiance.
Le Grand Manitou ferait le reste !
«Allume un feu. Il ne doit pas s'éteindre...», disaient des voix féminines. C'est donc ce qu'elle fit, obéissante, avec des branches mortes éparses. Puis une fois que ce fut fait, elle s'assit.
La flamme montait très haut dans l'obscurité, rouge, jaune, vaillante.
Et comme Douce Fleur lui offrait ses mains, elle parla :
«Petite, ne perds pas espoir. Regarde ma force vive, je te la donne.»
La flamme s'élança, grimpa en une immense gerbe crépitante, libre, et son chant était un long et interminable cri d'allégresse.
«Apprivoise le vent...» (A suivre...)
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