Algérie

Au coin de la cheminée : La biche au bois



Au coin de la cheminée : La biche au bois
Résumé de la 9e partie - On prépara un palais pour loger Becafigue et l'on donna tous les ordres nécessaires pour que la cour parût dans la dernière magnificence.C'était un embarras sans pareil dans les rues : tout le monde était accouru pour le voir. Le roi et la reine allèrent au-devant de lui, tant ils étaient aises de sa venue. Il est inutile de parler de la harangue qu'il fit et des cérémonies qui se passèrent de part et d'autre : on peut assez les imaginer ; mais lorsqu'il demanda à saluer la princesse, il demeura bien surpris que cette grâce lui fût déniée.? Si nous vous refusons, seigneur Becafigue, lui dit le roi, une chose qui paraît si juste, ce n'est point par un caprice qui nous soit particulier ; il faut vous raconter l'étrange aventure de notre fille, afin que vous y preniez part. Une fée, au moment de sa naissance, la prit en aversion, et la menaça d'une très grande infortune si elle voyait le jour avant l'âge de quinze ans. Nous la tenons dans un palais où les plus beaux appartements sont sous terre. Comme nous étions dans la résolution de vous y mener, la fée Tulipe nous a prescrit de n'en rien faire.? Eh ! quoi, sire, répliqua l'ambassadeur, aurai-je le chagrin de m'en retourner sans elle ' Vous l'accorderez au roi mon maître pour son fils, elle est attendue avec mille impatiences, est-il possible que vous vous arrêtiez à des bagatelles comme sont les prédictions des fées ' Voilà le portrait du prince Guerrier que j'ai ordre de lui présenter ; il est si ressemblant, que je crois le voir lui-même lorsque je le regarde.Il le déploya aussitôt ; le portrait, qui n'était instruit que pour parler à la princesse, dit :? Belle Désirée, vous ne pouvez imaginer avec quelle ardeur je vous attends : venez bientôt dans notre cour l'orner des grâces qui vous rendent incomparable.Le portrait ne dit plus rien ; le roi et la reine demeurèrent si surpris qu'ils prièrent Becafigue de le leur donner pour le porter à la princesse. Il en fut ravi, et le remit entre leurs mains.La reine n'avait point parlé jusqu'alors à sa fille de ce qui se passait ; elle avait même défendu aux dames qui étaient auprès d'elle de lui rien dire de l'arrivée de l'ambassadeur : elles ne lui avaient pas obéi, et la princesse savait qu'il s'agissait d'un grand mariage ; mais elle était si prudente, qu'elle n'en avait rien témoigné à sa mère. Quand elle lui montra le portrait du prince, qui parlait et qui lui fit un compliment aussi tendre que galant, elle en fut fort surprise ; car elle n'avait rien vu d'égal à cela, et la bonne mine du prince, l'air d'esprit, la régularité de ses traits, ne l'étonnaient pas moins que ce que disait le portrait.A suivreMarie Catherine, comtesse d'Aulnoy


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