Algérie

Au coin de la cheminée



Au coin de la cheminée
Résumé de la 15e partie n Elle se mit à pleurer si amèrement que quelque chose de moins sensible qu'un amant en aurait été touchéQuand elle fut entrée, Gracieuse lui présenta le peloton de fil, où rien ne manquait. Elle n'eut pas autre chose à dire, sinon qu'elle l'avait sali, qu'elle était une malpropre, et pour cela elle lui donna deux soufflets, dont ses joues blanches et incarnates devinrent bleues et jaunes. L'infortunée Gracieuse souffrit patiemment une insulte qu'elle n'était pas en état de repousser ; on la ramena dans son cachot, où elle fut bien enfermée.Grognon, chagrine de n'avoir pas réussi avec l'écheveau de fil, envoya quérir la fée, et la chargea de reproches.? Trouvez, lui dit-elle, quelque chose de plus malaisé, pour qu'elle n'en puisse venir à bout.La fée s'en alla, et le lendemain elle fit apporter une grande tonne pleine de plumes. Il y en avait de toutes sortes d'oiseaux : de rossignols, de serins, de tarins, de chardonnerets, linottes, fauvettes, perroquets, hiboux, moineaux, colombes, autruches, outardes, paons, alouettes, perdrix : je n'aurais jamais fait si je voulais tout nommer. Ces plumes étaient mêlées les unes parmi les autres ; les oiseaux mêmes n'auraient pu les reconnaître.? Voici, dit la fée en parlant à Grognon, de quoi éprouver l'adresse et la patience de votre prisonnière ; commandez-lui de trier ces plumes, de mettre celles des paons à part, des rossignols à part, et qu'ainsi de chacune elle fasse un monceau : une fée y serait assez nouvelle. Grognon pâma de joie en se figurant l'embarras de la malheureuse princesse ; elle l'envoya quérir, lui fit ses menaces ordinaires, et l'enferma avec la tonne dans la chambre des trois serrures, lui ordonnant que tout l'ouvrage fût fini au coucher du soleil.Gracieuse prit quelques plumes, mais il lui était impossible de connaître la différence des unes aux autres ; elle les rejeta dans la tonne. Elle les prit encore, elle essaya plusieurs fois, et, voyant qu'elle tentait une chose impossible :? Mourons, dit-elle, d'un ton et d'un air désespérés ; c'est ma mort que l'on souhaite, c'est elle qui finira mes malheurs ; il ne faut plus appeler Percinet à mon secours : s'il m'aimait, il serait déjà ici.? J'y suis, princesse, s'écria Percinet en sortant du fond de la tonne, où il était caché, j'y suis pour vous tirer de l'embarras où vous êtes ; doutez-vous, après tant de preuves de mon attention, que je vous aime plus que ma vie.Aussitôt, il frappa trois coups de sa baguette, et les plumes, sortant à milliers de la tonne, se rangeaient d'elles-mêmes par petits monceaux tout autour de la chambre.? Que ne vous dois-je pas, seigneur, lui dit Gracieuse, sans vous j'allais succomber ; soyez certain de toute ma reconnaissance.A suivreMarie Catherine, comtesse d'Aulnoy


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