Résumé de la 7e partie n Lorsque j'eus raconté ce que nous avions vu, mes maîtres se mirent à rire et à soutenir que l'eau de la herse nous faisait déraisonner.Enfin, nous arrivâmes dans le bois de la Pilière ; mais quelle ne fut pas ma surprise, quand là où j'avais vu la veille une si magnifique habitation, je ne trouvai plus absolument rien ; ? rien, mais rien, pas même la trace ! Quatre sapins, tout frais plantés, remplissaient les trous des quatre pieux d'encoignure. Mes maîtres me regardèrent d'un air presque colère. J'eus beau leur jurer par tous les saints du paradis que je n'avais pas inventé un conte.Je courus à un petit gars de la ferme que j'aperçus dans un champ, où pâturaient les poulains. Je lui dis :? Qu'est-ce qu'on a donc fait du château qu'on avait mis là hier ' Il me répondit :? Notre maître, en se réveillant ce matin, a trouvé qu'il y avait trop loin pour aller chercher de l'eau à son ruisseau, et que le soleil, en se levant, regardait sa maison de travers ; il a envoyé quérir tous les mulets qu'on a pu ramasser dans la forêt ; on lui en a ramené trente-six. Il a fait démonter sa maison, en a mis les planches sur leurs bâts de bois : il n'y a pas un quart d'heure que le dernier mulet est parti.? Et de quel côté sont-ils allés '? Monsieur a dit qu'il irait planter sa maison à vingt lieues d'ici, dans un pays d'herbages qu'on appelle la Harlière.Comme pour donner raison au petit gars, Manette, à ce moment-là, apercevant au bout des champs de la Radonnière, au détour de la route, le dernier mulet qui disparaissait avec sa charge, se mit à braire de toutes ses forces et faisait mine de vouloir le suivre. Mais mon maître, d'assez mauvaise humeur, lui appliqua sur la croupe deux ou trois bons coups de bâton et lui retourna la tête du côté de Bellesme. Nous nous en revînmes bien mortifiés, et depuis cette affaire-là je n'ai jamais pu regagner la confiance de mes maîtres. Toutes les fois que je leur raconte une chose qui n'est pas claire comme le jour, ils ne manquent pas de hausser les épaules et de me répondre : Taisez-vous donc, Rose, c'est comme votre château de la Pilière.Charles-Philippede Chennevières-Pointel
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Posté Le : 21/09/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : 1820 1899
Source : www.infosoir.com