«Nous devons abandonner Tsheshei, dirent-ils. Il est très vieux, le froid l'emportera.»Même son fils était déjà âgé. Or ce fils avait une fille, pour laquelle le vieux Tsheshei éprouvait du désir, lui qui ne pouvait même plus marcher. «C'est ça, leur dit-il, construisez-moi un abri en bois et abandonnez-moi ici. Ça m'ira comme ça. Mais ne le faites pas trop petit, pour que je puisse quand même bouger un peu tout en étant assis.» Quand la petite construction fut terminée, ils se dirent?: «Maintenant, enfermons-le à l'intérieur.'laissez-moi ma hache», demanda-t-il. Ce n'était qu'une hachette. «Bon, quittons-le maintenant», se dirent-ils. Puis ils se remirent en marche. Tsheshei resta assis pendant un certain temps. Puis il se dit?: «Ils doivent être rendus bien assez loin. Si j'attends trop, je ne pourrai jamais les rejoindre.» Il pratiqua alors une ouverture dans un des murs de son abri, en sortit et se mit à suivre leurs traces, qui déjà étaient moins fraîches. Soudain, il vit un endroit où les siens avaient campé. Les traces devenaient de plus en plus fraîches. C'est qu'il s'était peu à peu transformé. Sa démarche était devenue celle d'un jeune homme. Il arriva au site où les siens s'étaient arrêtés pour dormir et vit qu'on y avait fabriqué un arc. «J'aimerais bien en avoir un comme celui-là», pensa-t-il. Aussitôt il en eut un à la main. En continuant à marcher, il nota que les traces laissées par les siens continuaient à être de plus en plus fraîches. Ayant atteint un autre endroit où ils avaient dormi, il vit, aux trous carrés laissés dans la neige, qu'ils y avaient fait figer de la graisse d'os de caribou. «Ah?! que j'aimerais avoir de cette graisse?!», se dit-il. Aussitôt il sentit son sac à dos s'alourdir. Il se remit en marche en se disant?: «Cette fois, je les rejoindrai.» Tout en marchant, il trouva un autre indice de leur passage : ils avaient uriné dans la neige. «Je souhaite pouvoir en faire autant», se dit-il. Et aussitôt il ressentit le besoin d'uriner, ce qu'il fit sur-le-champ. «Me voilà maintenant tout près du but», pensa-t-il. Ils étaient plusieurs campés sur un très grand lac gelé. Les tentes formaient une longue ligne. Certains le virent venir d'assez loin. «Un étranger nous a suivis», dirent-ils aux autres. Ceux-ci regardèrent à l'extérieur de leurs tentes. Il portait un arc à l'épaule et avait la démarche d'un jeune homme. Parvenu au milieu de la ligne des tentes, il dit?: «Holà?! Devrais-je passer tout droit sans m'arrêter?' Mon père m'a conseillé d'offrir ma graisse cuite de caribou quand j'entendrais dire qu'il y a des femmes à marier. Voilà ce qu'il m'a dit, quand je l'ai laissé mourir de froid.A suivre
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Posté Le : 18/07/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Rémi Savard 1934 20
Source : www.infosoir.com