Résumé de la 10e partie ? Maître Jean, persuadé d'avoir fait une chute, ne comprend pas que le jeune garçon le contredise...J'étais un bon croyant. Les paroles du maître me firent frémir.? Ne dites pas cela, maître, m'écriai-je. Revenez à vous, voyez où vous êtes !??Où je suis ' reprit-il en promenant autour de lui ses yeux agrandis, d'où jaillissaient les éclairs du délire ; où je suis ' où dis-tu que je suis ' Au fond du torrent ' Je ne vois pas le moindre poisson !??Vous êtes au pied de cette grande roche Sanadoire qui surplombe de tous les côtés. Il pleut des pierres ici, voyez, la terre en est couverte. N'y restons pas, maître. C'est un vilain endroit.??Roche Sanadoire ! reprit le maître en cherchant à soulever sur son front son chapeau qu'il avait sous le bras. Roche Sonatoire, oui, c'est là ton vrai nom, je te salue entre toutes les roches ! Tu es le plus beau jeu d'orgues de la création. Tes tuyaux contournés doivent rendre des sons étranges, et la main d'un titan peut seule te faire chanter ! Mais ne suis-je pas un titan, moi ' Oui, j'en suis un, et, si un autre géant me dispute le droit de faire ici de la musique, qu'il se montre !... Ah ! ah ! oui-da ! Ma cravache, petit ' où est ma cravache '??Quoi donc, maître ' lui répondis-je épouvanté, qu'en voulez-vous faire ' est-ce que vous voyez '...??Oui, je vois, je le vois, le brigand ! le monstre ! ne le vois-tu pas aussi '??Non, où donc '??Eh parbleu ! là-haut, assis sur la dernière pointe de la fameuse roche Sonatoire, comme tu dis !Je ne disais rien et ne voyais rien qu'une grosse pierre jaunâtre rongée par une mousse desséchée. Mais l'hallucination est contagieuse et celle du professeur me gagna d'autant mieux que j'avais peur de voir ce qu'il voyait.??Oui, oui, lui dis-je, au bout d'un instant d'angoisse inexprimable, je le vois, il ne bouge pas, il dort ! Allons-nous-en ! Attendez ! Non, non, ne bougeons pas et taisons-nous, je le vois à présent qui remue !??Mais je veux qu'il me voie ! Je veux surtout qu'il m'entende ! s'écria le professeur en se levant avec enthousiasme. Il a beau être là, perché sur son orgue, je prétends lui enseigner la musique, à ce barbare ! - Oui, attends, brute ! Je vais te régaler d'un Introït de ma façon. - A moi petit ! où es-tu ' vite au soufflet ! Dépêche !??Le soufflet ' Quel soufflet ' Je ne vois pas...??Tu ne vois rien ! là, là, te dis-je !Et il me montrait une grosse tige d'arbrisseau qui sortait de la roche un peu au-dessous des tuyaux, c'est-à-dire des prismes du basalte. On sait que ces colonnettes de pierre sont souvent fendues et comme craquelées de distance en distance, et qu'elles se détachent avec une grande facilité si elles reposent sur une base friable qui vienne à leur manquer. (A suivre...)
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Posté Le : 26/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : George Sand
Source : www.infosoir.com