Résumé de la 3e partie ? Le gnome invite le voyageur à manger une huître appelée marshii cristagalli...Monsieur n'est pas content de mes échantillons ' Voici pourtant la gregaria, dont la dentelure est merveilleuse, et que vous auriez pu trouver dans les falaises de marne du Calvados. Mais passons quelques espèces, puisque vous êtes pressé. Traversons l'oolithe. N'accorderez-vous pas pourtant un regard à ostrea virgula, du kimmeridge clay '? Pas de virgule ! m'écriai-je impatienté de ces noms barbares. Passez, passez !? Eh bien, monsieur, nous voici dans les terrains crétacés. Voici ostrea couloni, des grès verts, une belle huître, celle-là, j'espère ! Voici aquila (du gault) encore plus grosse ; flabellata frons, carinata, avec sa longue carène.Mangeriez-vous bien la douzaine ' J'en passe, et des meilleures ; mais voici la merveille, c'est l'ostrea pes-leonis de la craie blanche. Celle-ci ne vous dit-elle rien 'Il me tendait un mollusque énorme, tout dentelé, tout plissé, et revêtu d'un test d'aspect cristallin qui avait réellement bonne mine.? Vous ne me ferez pas croire, lui dis-je, que ceci soit une huître !? Pardon, c'est une véritable huître, monsieur !? Huître vous-même ! m'écriai-je furieux.J'avais reçu de sa petite patte maigre le mollusque nacré sans me douter de son poids. Il était tel, que, ne m'attendant à rien, je le laissai tomber sur mon pied, ce qui, ajouté à l'ennui que me causait la nomenclaturepédantesque du gnome, me mit, je l'avoue, dans une véritable colère ; et, comme il riait méchamment,sans paraître offensé le moins du monde d'être traité d'huître, je voulus lui jeter quelque chose à la tête. Je ne suis pas cruel, même dans la colère, je l'aurais tué avec l'huître pied de lion ; je me contentai de lui lancer dans la figure une poignée de menue mitraille que je trouvai sous ma main et qui ne lui fit pas grand mal.Mais alors il entra en fureur, et, reculant d'un pas, il saisit un gros marteau d'acier qu'il brandit d'une main convulsive.? Vous n'êtes pas une huître, vous ! s'écria-t-il d'une voix glapissante comme la vague qui se brise sur les galets. Non ! vous n'êtes pas à la hauteur de ce doux mollusque, ostrea oedulis des temps modernes, qui ne fait de mal à personne et dont vous n'appréciez le mérite que lorsqu'il est victime de votre voracité. (A suivre...)
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Posté Le : 10/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : George Sand
Source : www.infosoir.com