Encore une fois, une loi se rapportant à l'agriculture suscite des polémiques qui n'éclairent pas les Algériens. L'agriculture n'a pourtant pas besoin de discours, elle a besoin d'organisation et de décision qui doivent partir de deux impératifs: préserver les terres agricoles de la destruction et de l'avancée du béton et la soutenir afin qu'elle puisse satisfaire une partie substantielle des besoins alimentaires nationaux. C'est à partir de ce double impératif que l'on doit évaluer les politiques et à partir de cela seulement.
Il y a un constat clair de dégradation qui ne supporte plus les discussions confuses. Le vrai obstacle serait une sorte de renoncement insidieux qui condamnerait l'Algérie à importer de plus en plus ce qu'elle consomme, alors qu'elle dispose des moyens d'inverser la tendance. Il n'y a pas de solution facile à une agriculture où les problèmes se sont accumulés faute d'action et de politique claire.
Quand la facture alimentaire double en moins de cinq ans pour passer de 2,6 milliards de dollars en 2003 à 5 milliards de dollars en 2007, cela devrait restreindre les questionnements et dispenser de rhétorique oiseuse. Si l'on ajoute la donnée démographique - l'Algérie sera peuplée de près de cinquante millions d'âmes en 2050 -, on saisit que l'agriculture n'est pas seulement à appréhender sous l'angle de l'économie pure, mais aussi de celui de la sécurité nationale.
Dans les tensions mondiales grandissantes autour des ressources, la question de la sécurité alimentaire est et sera primordiale. Comment agir dans un secteur qui, malgré les bonnes intentions, a été délaissé ? Comment préserver les surfaces agricoles et mettre en valeur les potentiels qui existent en Algérie, voilà l'enjeu. Il faut avoir un dessein et une volonté pour que les choses changent et pour que la mauvaise tendance soit inversée. S'il n'y a pas de solution miracle, il y a des choses à faire, patiemment et résolument. D'autres pays ont réussi à inverser le cap et il n'est pas dit que nous ne pouvons pas le faire. Mais il faut avoir un cap.
Un ancien ministre de l'Agriculture, Mohamed-Elyès Mesli, grand défenseur des agriculteurs, a livré récemment à un quotidien national une idée évidente mais qui semble perdue dans les discours autour de l'agriculture. Les agriculteurs, a-t-il indiqué, «d'une manière générale, travaillent la terre non en fonction de sa fertilité mais de la liberté qu'ils ont à la travailler». En d'autres termes, il faut sécuriser les agriculteurs afin qu'ils puissent se concentrer sur ce qu'ils savent faire. A charge pour les pouvoirs publics de veiller à ce que la vocation agricole des terres soit préservée.
Relancer l'agriculture n'est pas une affaire de discours, c'est un travail, une construction. Et cela ne peut se faire sans les premiers concernés, les agriculteurs. Ils sont au centre de toute relance.
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Posté Le : 01/07/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : MSaâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com