Algérie

Au c'ur de La BRI Une journée avec le corps d'élite de la police



Au c'ur de La BRI                                    Une journée avec le corps d'élite de la police
Lorsque le citoyen est confronté à des difficultés majeures relevant de la sécurité, la police est le recours. Celle-ci fait souvent appel à la BRI, une unité d'élite. Si on croise la police à chaque coin de rue, la BRI (Brigade de Recherche et d'Intervention), elle, est un mystère ! De ses éléments, l'on ne connaît que les véhicules noirs et les tenues spécifiques qui ressemblent aux « Ninjas » des années 90. C'est pour cela que l'on a décidé de lever le voile sur ces hommes d'ombre. Qui sont-ils ' Que font-ils ' Et quelles sont leurs missions ' Samedi dernier, nous les avons accompagnés à travers les locaux de ce service situé au niveau du siège de la Sûreté de wilaya d'Alger.
DANS LES LOCAUX DES POLICIERS DE L'OMBRE
C'était un jour férié. En tenue, tous les éléments étaient présents, alertes. Un événement l'exige : deux matchs, dont le plus important était la rencontre mettant aux prises l'USMH à l'USMA. « On est une vrai famille. Vous savez, il y a parmi nous ceux qui travaillent ensemble depuis 20 ans. L'on est plus que frères et l'on a lutté pendant des années contre le terrorisme. Maintenant, l'on est mobilisés pour la lutte contre le crime organisé et le grand banditisme », explique le lieutenant Kouider surnommé « Charlie », chef-adjoint de la section intervention de la Brigade. Le même jour, un autre événement. Heureux celui-là : un jeune policier de la brigade, qui est devenu « papa » il y a juste quelques heures, a rejoint ses collègues pour assister à la réunion. Avant même qu'il ne prenne place, l'on lui lance : « Eh, où est la Tamina ' » Sa femme est toujours à l'hôpital, après un accouchement par césarienne. Son devoir de père ne l'a pas, pour autant, retenu. Il est venu travailler, car « la discipline est primordiale, d'autant qu'on est mobilisés 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24 », souligne le lieutenant Chahir, officier opérationnel de la BRI. Rares sont ceux qui trouvent du temps à consacrer à leurs familles. « Nous sommes rodés », a-t-il ajouté, souriant. La patience, souligne-t-on, est la grande qualité qu'il faut avoir pour travailler à la BRI. « Il nous arrive parfois d'intervenir à l'aube, une filature dans la journée et d'être appelés en urgence le soir », à l'exemple de la mission de Bouzegza, en 2010, où les éléments ont dû marcher de 9h du matin jusqu'à 23h. « Hamdoulilah, le résultat était plus que satisfaisant », ajoute-t-on. N'en pâtit-on pas physiquement ' Le Lieutenant Benkhelifa explique au détail près que la condition physique, l'amour du métier, le courage et l'intelligence sont, entre autres, les critères exigés. La devise de cette unité « est servir sans faillir », soutient, pour sa part, l'inspecteur Mustapha, « la Tchi-Tchi » du groupe. Installée dans un bureau très modeste avec ces hommes super sportifs, solides, gaillards et de gabarit intimidant. Parmi eux, des sportifs d'allure fringante galants et surtout « kamikazes ». On nous offre un thé bien sucré et le travail commence. « Tout le monde est là ' », demande le lieutenant Zoubir Saïd, chef de section intervention, un géant de plus de 1m90.
Il lança avec un sourire : « Il n'y a pas plus gentils que nous. Nous sommes mobilisés pour la sécurité des citoyens et leur biens et pour défendre le pays comme on l'a toujours fait. » Le briefing se termine par la désignation des groupes qui interviendront. Les instructions sont données : « Pas d'armes à feu, juste les casques. » Les chefs de groupe sont équipés de « Tazer », arme électrique très efficace pour la maîtrise d'un individu. On l'a déjà utilisée pour la maîtrise d'un père de famille qui tentait de se suicider. « Elle ne représente aucun danger et nous permet de ne pas recourir à l'arme à feu », précise le lieutenant Benkhelifa. Tous les groupes doivent être prêts pour faire face à tout débordement. « Nous apportons, par ailleurs, aide aux policiers mobilisés pour le maintien de l'ordre », soutient le lieutenant Saïd.
COMPETENCE DANS LE MAINTIEN DE L'ORDRE
La compétence des éléments du même service dans le maintien de l'ordre a nécessité, à maintes reprises, leur intervention dans différents événements, à l'instar des opérations de relogement. « Nous avons eu affaire à des tentatives de suicide et avons pu convaincre les auteurs de ces tentatives de renoncer à cet acte désespéré, sans recourir à une intervention », dira Mustapha, inspecteur. « La section d'intervention de la BRI allie sagesse et efficacité », insiste le lieutenant Zoubir. « L'intervention musclée est le dernier recours que nous utilisons. Malheureusement, nous faisons face à des agressions avec utilisation de sabres et couteaux lors des matchs », a déploré le même officier. La BRI est sollicitée, en outre, par l'ensemble des services de la police judiciaire des sûretés de daïra de la wilaya, dans le cadre des enquêtes approfondies, des interpellations et des arrestations. « La BRI peut se déplacer dans n'importe quel endroit de la wilaya d'Alger et a les prérogatives d'intervenir sur tout le territoire de la wilaya », explique le lieutenant Benkhelifa.
Par ailleurs, les éléments de cette unité d'élite se basent, dans le cadre de leur mission, sur le renseignement, la filature et les investigations. La BRI de la Sûreté de la wilaya d'Alger a, rappelle-t-il, été créee en 2005, dans le cadre de la lutte contre le crime organisé et le grand banditisme, après la dissolution de l'Organisme national de répression du banditisme. Par ailleurs, la brigade qui relève de la Sûreté de wilaya, composée d'une section de la lutte contre le terrorisme qui a fait preuve d'efficacité, est la seule au niveau national qui est chargée de l'intervention. « Les autres BRI sont chargées des investigations et non pas des interventions », fait savoir le lieutenant Zoubir. Si la capitale est bien sécurisée, aujourd'hui, c'est grâce à la mobilisation des éléments de cette unité qui ont réussi à déjouer plusieurs attentats terroristes. D'ailleurs, aucun attentat terroriste n'a été enregistré dans la capitale depuis le mois de décembre 2007. Les réseaux qui ont planifié les attentats qui ont ciblé la capitale ont été tous démantelés et plusieurs terroristes dangereux arrêtés.
DES MASSACRES EVITES GRÂCE À LA MOBILISATION DE LA BRI
Des carnages ont été évités grâce à la bravoure de ces hommes de l'ombre. La lutte contre les cellules dormantes se poursuit. Dans ce cadre, un réseau de soutien au terrorisme est démantelé en cette fin de semaine. La BRI est une unité composée d'éléments formés dans plusieurs spécialités en France, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays. « La DGSN a mis tous les moyens à notre disposition », se félicite le lieutenant Benkhelifa, le « négociateur » de la brigade ainsi que 3 spécialistes en matière de prise d'otages et enlèvements. « Nos éléments sont entraînés pour ce genre d'intervention. Ils l'ont prouvé à plusieurs reprises », explique-t-il. Des plongeurs spécialistes en secourisme en mer figurent aussi parmi les éléments de cette brigade, outre les tireurs d'élite ayant suivi une formation à l'étranger dans le Raid et la police judiciaire. « Un de nos éléments a été classé premier à l'issue d'un stage aux Etats-Unis », souligne fièrement l'officier Zoubir. Alors qu'on se trouvait à l'intérieur des bureaux de cette brigade, simple, en compagnie de nombre d'éléments de la BRI, d'autres, en mission à Tamanrasset dans le cadre du renforcement du dispositif sécuritaire au niveau de cette wilaya frontalière, arrivent. Sur instruction du général major Hamel, directeur général de la Sûreté nationale, les éléments de la BRI de la SW d'Alger se sont déplacés à cette région frontalière en vue d'y appuyer leurs collègues dans la mise en place d'un dispositif efficace de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Accueil chaleureux. Malgré la fatigue, un débriefing est organisé après chaque opération. Objectif :
« situer les failles, car nul n'est parfait. On essaye de rattraper les erreurs et améliorer nos capacités », précise encore le chef de section d'intervention. Il était 20h. On devait accompagner le lieutenant Chahir au stade du 5-Juillet, où se déroulait le match USMA-USMH, émaillé par de graves incidents. Changement de programme. Tous les groupes sont en alerte. Rien n'a infiltré sur la nature de l'intervention.
PRÊTS À MOURIR
Néanmoins, on a constaté que les éléments étaient bien équipés. On quitte les lieux. Mais avant de partir, la BRI insiste à réaffirmer son engagement de lutte contre toute forme de criminalité dans le cadre de la loi. « Ces personnes qu'on interpelle sont nos frères et nos enfants aussi », explique-t-on. Les éléments de ce service affirment accomplir leur mission sans faillir et ce, en mémoire à ceux qui ont donné leur vie pour notre pays. « Il n' y a pas de plus précieux que la vie et nos martyrs ont donné la leur pour nous. Nous aussi on donnera, si nécessaire, la nôtre pour que vive notre pays », a rappelé un officier. Le groupe démarre. Le travail ne vient que de commencer pour ces jeunes et ces pères de famille.


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