Au bout d'une corde

Rappel - Il ne faut surtout pas croire que les dictateurs sont une invention du XXe siècle. Ils ont toujours existé. De tout temps et à travers toute la planète.
Le plus connu et le plus emblématique reste évidemment Jules César, le redoutable empereur de Rome. Certes il a apporté de nombreuses conquêtes à son pays et fait briller et scintiller toutes les étoiles de son capitole, jusqu'en Perse et jusqu'au lointain désert égyptien. Mais à quel prix '
Au prix d'une tyrannie féroce. Il volera de victoire en victoire sur les champs de bataille et finira par devenir ou du moins, par être perçu comme une véritable menace pour le Sénat et ses instituions d'autant que son ambition n'avait plus de limite.
Des tribuns de premier plan comme Cerus Ligarius et Métélus Cimber auxquels se joindront plus tard d'autres conspirateurs décideront alors de l'éliminer physiquement, tous ensemble et au même moment, bref de l'assassiner collectivement.
Alors qu'il s'apprêtait à rejoindre la tribune impériale pour donner le signal aux jeux des gladiateurs et qu'il était désarmé, il sera encerclé à l'entrée même des arènes et lardé de coups de couteau.
Le coup de grâce lui sera porté par son fils adoptif Brutus. Avant de mourir Jules César aura d'ailleurs ce mot terrible : «Tu quoque fili» qui signifie toi aussi mon fils. Aujourd'hui la formule traduit le degré de trahison et de compromission d'un ami ou d'un être cher. Selon des chroniqueurs, le cadavre de César aurait été traîné par les pieds à travers toute la ville. Quelle insulte pour un homme qui a vu le monde traîner à ses pieds...
On ne saura jamais comment il a été enterré, par qui et où...
Un dictateur est mort, vive le suivant... Même chose pour Saddam.Porté au pouvoir par un coup d'Etat contre le général Kassem accusé d'être un laquais au service des Américains, il inaugurera son règne sanglant à Bagdad en envoyant des dizaines d'opposants à la mort.
Des hommes qu'il tirera du lit au petit matin et qu'il fera exécuter froidement les uns après les autres d'une balle dans la tempe.
Il fera exécuter son propre gendre, gazer des milliers de Kurdes qui lui étaient hostiles par tradition et par conviction et portera seul ou presque la lourde responsabilité des millions de morts dans la guerre contre l'Iran et des milliers de victimes civiles à la suite de l'embargo international imposé par l'ONU à son peuple.
Recherché par l'armée américaine, les Kurdes qui ne lui pardonnèrent pas leurs martyrs et les chiites qu'il a toujours écartés du pouvoir, Saddam se terrera comme un lapin dans un puits de ferme à quelques kilomètres de Bagdad.
Il en sera extirpé malade et au bout de ses forces et traduit devant une juridiction populaire, derrière des barreaux. C'est Aïcha Kadhafi, la fille d'un autre dictateur, qui sera son avocate.
Il sera finalement livré à son bourreau qui le pendra haut et court au bout d'une corde et en direct à la télévision en plus.