Algérie

ATTITUDES La prison



naiyach@yahoo.fr
La salle d'attente ne désemplit pas en ce jour de visite. Les femmes ajustent les provisions qu'elles ont soigneusement disposées dans leur couffin.
Le contenant est bondé de denrées alimentaires qu'elles ont acquises au prix du sacrifice. Elles gesticulent et parlent fort en attendant que le nom de celle ou celui qu'elles viennent voir soit prononcé par le gardien de prison. Sadjia, dont la beauté ne passait pas inaperçue malgré sa triste mine, son visage sans fard et sa sobre tenue, ne se reconnaît pas parmi toutes ces visiteuses à la voix qui porte et qui se font des confidences sur le délit qui a conduit le coupable derrière les barreaux. Elles babillent dans une cacophonie, chacune va de son histoire, et toutes plaident l'innocence. Sadjia a pris le soin de se retirer de la masse, de prendre un coin sur un banc au fond de la salle, serrant son couffin sur ses genoux. «Non, je ne peux pas ressembler à toutes ces femmes. Elles sont laides, hurlent et ne sont presque pas gênées d'être là.» Et pourtant, elle se trouve avec elles, à attendre comme elles, de rendre visite à celui qui purge sa peine, ou qui attend d'être jugé. Sadjia, ce professeur de philosophie, était loin de s'imaginer qu'un jour, elle aurait à franchir le seuil d'un pénitencier. Elle n'aura pas joui longtemps de sa lune de miel. Mariée depuis à peine trois mois avec un ingénieur, intègre et aimant son boulot, son bonheur sera interrompu en ce maudit après-midi de printemps. Alors que nos tourtereaux se baladaient tranquillement dans les rues d'Alger, un petit délinquant, sans foi ni loi, drague sa femme. L'époux, pourtant de nature très calme, touché dans son amour propre et ne pouvant contenir sa rage, lui donnera la correction de sa vie. Le jeune marié, pour son malheur, avait le poing un peu trop dur et dut expédier sa «victime» à l'hôpital, avec une incapacité de travail de 30 jours. Ainsi, notre ingénieur, du jour au lendemain, sera inscrit sur la liste des «méchants» qui doivent payer pour leur «crime». Il sera donc jugé pour coups et blessures et écopera d'une peine d'emprisonnement de six mois. Voilà une vie de couple à qui l'on n'augurait que du bonheur qui tournera au cauchemar.


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