ATTITUDES

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Il est 14h .Les files de voitures bouchent la route. Les conducteurs actionnent leurs klaxons. Puis une succession de voitures fait son entrée. Des véhicules rutilants stoppent la circulation. Portières ouvertes, caméra contre l'œil, les jeunes fêtards immortalisent le cortège nuptial. Ils zooment, cadrent ; bref, ils prennent tout leur temps.
Au diable ceux qui s'impatientent et se rongent les sangs ! Jusque-là le tableau est des plus anodins et disons que les Algériens se sont habitués à ces sacro-saints cortèges que nul n'oserait arrêter, même pas ce flic qui s'échine à réguler la circulation. Mais voilà , depuis quelque temps, un nouveau phénomène a fait son apparition : exhiber sa joie, son euphorie en faisant péter des feux d'artifice.
Et ce n'est plus l'apanage des propriétaires de grandes maisons avec jardins; les habitants des cités se sont mis de la partie et les automobilistes aussi. Ainsi et, tenez-vous bien, en plein jour, soleil tapant, des feux d'artifice fusent de partout ! On croirait entendre des coups de feu.
Normal, l'effet des magnifiques rosaces aux couleurs multicolores qui se dessinent dans un ciel sombre n'y est pas. De plus, la frayeur dans les cœurs des plus sensibles est garantie. «Mais alors, à quoi sert tout ce cinéma '» s'interroge une vieille dame, qui a eu la peur de sa vie alors qu'elle se trouvait sur son balcon, juste au-dessus du cortège.
«Mon cœur a failli s'arrêter. En plein jour, mais c'est de la folie furieuse !» Un phénomène nouveau qui se généralise.
«De mon temps, les feux d'artifice étaient le privilège de l'Etat. On y avait droit durant les fêtes nationales, le 1er Novembre et le 5 Juillet. C'était un spectacle qu'on ne ratait pour rien au monde. Aujourd'hui, n'importe qui en use et abuse, n'importe où et n'importe comment.»
Mais au fait, on se les procure où, ces feux d'artifice '